Le silence en radio

radio

Le silence en radio : quand la bande FM se tait un instant

Dans son n°2989 du 28 avril dernier, Télérama consacrait un excellent dossier au thème le silence en radio, sous la plume d’Anne-Marie Gustave.

J’en reprends ici quelques pensées…

Arrêt interdit

Il peut stimuler l’imagination ou appeler à la réflexion. Mais, la plupart du temps, il est banni. Sur les ondes, un silence, et c’est la panique.

Il s’apparente à la larme qu’on voit couler sur les écrans. […] Un silence en radio se remarque au bout de quatre secondes. Il ne doit pas excéder six secondes. S’il dure, c’est que quelqu’un souffre. Nous reprenons alors la parole pour éviter que cette personne ne s’effondre.

Jacques Esnous, RTL

Il est un espace d’apprivoisement qu’on se consent mutuellement. […] On remplit les ondes comme on gave les oies. C’est dans les messages publicitaires que cela a commencé : comme les annonceurs doivent dire un maximum de choses en un minimum de temps, ils ont inventé un système de montage audio où chaque mot est raccourci en son milieu et superposé au suivant. Ils poussent les auditeurs à écouter vite en leur donnant l’illusion d’un flot continu très rapide.

Anfrew Orr, Nova Prod.

Quand une réponse est forte, on laisse un silence. Dans le métier, on appelle ça jouer un vinyle jusqu’à l’étiquette.

Jean Beghin, France Inter

Quand le silence est trop douloureux et que je sens les larmes monter, j’éteins le magnéto et je console celui ou celle qui est avec moi. […] Le silence dépend de l’écoute et de l’attention de l’autre. Pour l’auditeur, il occupe une place essentielle dans la reconstruction de la réalité.

Zoé Varier, France Inter

Moi, j’aime sortir les silencieux de leur obligation de repli. On sait depuis la psychanalyse que les difficultés d’expression ne sont pas le résultat d’une infériorité ou d’une marginalité. Elles touchent tout le monde.

Jean Lebrun, France Culture

Pour nous, le silence est lié au niveau sonore de ce qui précède et suit. Si une œuvre se termine par trois pianissimos, il sera plus long que si elle s’achève avec trois forte. De toute façon, à la fin de chaque interprétation, nous attendons les quelques secondes réglementaires pour que meure la résonance. Puis nous laissons le temps à l’auditeur d’assimiler ce qu’il vient d’entendre.

Didier Gervais, France Musique

On n’a pas le droit de faire une pause, c’est la fonction de notre média d’aller toujours de l’avant. En toute circonstance, et à chaque seconde, on doit envoyer un signal.

Laurent Bouneau, Skyrock

Sans silence, la radio ressemble à la télé, un média totalitaire et abrutissant.

Sylvain Gire, Arte Radio

Sans silence, on ne se souvient de rien. […] Dans notre société, où il y a de plus en plus de personnes isolées, la radio, c’est un lien. Si nous laissons trop de silence sur notre antenne, nos auditeurs se sentent délaissés.

Muriel Hees, Europe 1

La radio est le média de ceux qui ont trop de silence dans leur vie. On doit le combler.

Franck Lanoux, RMC

Il est le message pur, l’art extrême. Avec lui, je ralentis la marche du temps. […] Le silence est un miroir. Ceux qui en ont peur ne supportent pas non plus la solitude.

Caroline Carlier, France Inter

Ô miroir, mon beau miroir, que j’aspire à te retrouver… En attendant, je dois me contenter de peu. Le silence en radio, avec des grésillements en fond sonore.

Plus d’infos sur le silence en radio, alias silence radio.

Articles liés

Réponses

  1. Je pense que plus qu’à la télévision, le silence est prohibé à la radio. En effet, à la télé, on voie les personnes, cela laisse le côté “rassurant”. En radio, un silence est mortel. Et même 4 secondes de silence est déjà une éternité.C’est notamment pour cela qu’il y très rarement des moments de silence, même pendant les interview (on essaye toujours de relancer le “silencieux”).