La dépression, maladie du désespoir
Un bon papier de Nancy Cattan sur la dépression, paru dans Nice Matin du 21 octobre 2007 :
La dépression, maladie du désespoir
“C’est grave, docteur ?” “Oui, c’est grave”. Expression souvent galvaudĂ©e, la dĂ©pression n’est pas une maladie Ă prendre Ă la lĂ©gère. Selon l’OMS, elle devrait constituer en 2020 la deuxième cause de mortalitĂ© et de maladies. Il faut donc agir vite. C’est ce qu’a souhaitĂ© rappeler le Pr Dominique Pringuey, chef du service de psychiatrie du CHU de Nice, lors de la JournĂ©e EuropĂ©enne de la dĂ©pression. Oui, cette maladie tue. Chaque annĂ©e, des milliers de personnes, enfants, adultes, vieillards, se donnent la mort, incapables d’affronter plus longtemps cette souffrance Ă vivre au quotidien. “La dĂ©pression, c’est la maladie du dĂ©sespoir”, rĂ©sume le psychiatre.
“Il faut dĂ©passer la seule expression psychologique de la maladie, insiste le psychiatre. Et rappeler que l’expĂ©rience dĂ©pressive atteint la vitalitĂ© corporelle, autrement dit la capacitĂ© Ă agir, Ă manger, Ă dormir, Ă se dĂ©tendre, Ă rĂ©cupĂ©rer, Ă occuper son rang social, Ă communiquer, Ă rencontrer l’autre, en rĂ©sumĂ© la capacitĂ© Ă crĂ©er et inventer le quotidien”.
Consulter au plus tĂ´t
La prĂ©cocitĂ© de la prise en charge est dĂ©terminante. Elle nĂ©cessite de savoir reconnaĂ®tre les signes avant-coureurs, “variables d’un individu Ă l’autre et pouvant apparaĂ®tre plus ou moins rapidement. GĂ©nĂ©ralement, on retient pour le diagnostic l’apparition d’au moins quatre des symptĂ´mes suivants : perte ou gain de poids, insomnie ou hypersomnie, agitation ou ralentissement, fatigue ou perte d’Ă©nergie, dĂ©valorisation ou culpabilitĂ©, difficultĂ©s de concentration, idĂ©es suicidaires”. Etre attentif Ă l’apparition de ces signes, chez soi comme chez autrui, et consulter au plus tĂ´t : c’est le message que le Pr D.Pringuey a adressĂ© aux patients ou proches de patients. “Dans un premier temps, on peut s’adresser Ă son mĂ©decin traitant. On peut souhaiter avoir recours d’emblĂ©e au psychiatre mais les dĂ©lais pour obtenir des rendez-vous sont de plus en plus longs du fait de l’Ă©volution des restrictions appliquĂ©es Ă la profession”.
Expliquer Ă chacun ses souffrances
La prise en charge est parfois assez lourde car elle combine plusieurs “traitements” : psychothĂ©rapie de soutien, antidĂ©presseur souvent associĂ© Ă un anxyolitique et un hypnotique, thĂ©rapie corporelle adpatĂ©e au patient. “En cas d’Ă©chec, on dispose d’alternatives mĂ©dicamenteuses et, dans les formes les plus sĂ©vères, il reste le recours Ă la sismothĂ©rapie (Ă©lectrochocs), dans certains cas Ă la privation partielle de sommeil”. Pour neutraliser cet ennemi très dangereux que reprĂ©sente la dĂ©pression, les spĂ©cialistes sont aujourd’hui contraints d’utiliser une artillerie lourde. Mais, selon le Pr Pringuey, “il est probable que l’on disposera bientĂ´t de techniques plus performantes et moins gĂŞnantes pour traiter les patients. Nous devons surtout nous engager plus clairement sur les voies de la psycho-Ă©ducation, car nous sommes convaincus qu’expliquer aux gens leur souffrance peut avoir un impact thĂ©rapeutique sensible”.
(Lampron ne tourne pas rond, sur www.jeunesensante.ca)
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