Acouphène : témoignage
Témoignage d’acouphène disparu, de guérison, témoignage positif ou moins positif… Partageons nos... Voir la suite
Et c’est la fin du voyage
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Et c’est la fin du voyage
Bonjour,
A défaut de savoir à qui écrire, à qui parler, de peur d’embêter mes proches qui ne savent jamais vraiment quoi dire, ou quoi comprendre, j’écris ici.
J’ai 18 ans, et dans un mois a peu prêt, c’est mon anniversaire. J’aurais bientôt 19 ans… Je suis toute jeune, et j’ai pleins de rêves, pleins d’envies. Je sais ce que je veux faire de ma vie, je fais des études pour, j’ai une famille qui m’aime, des amis géniaux.
Il y a cinq mois de ça, j’ai pourtant eu un gros changement dans ma vie. Des suites d’une sortie en boite de nuit, j’ai subis un traumatisme sonore. Dans mon malheur, j’ai eu la chance de ne pas avoir eu de pertes auditives. J’entends ce soir là mon premier acouphène. Rendez vous d’urgence chez l’ORL, qui me prescrit cortisone et vasodilatateur. Je prends le traitement. Même si les premiers jours rien ne va, l’acouphène semble diminuer au fil des mois, et je fini par vivre avec, je m’y habitue presque. A la fin, je profite à nouveau de la vie et de ses petits plaisirs.
Vendredi dernier, fin des partiels, fin de l’année, j’ai réussi mes examens, mes concours, tout va pour le mieux. Enorme soulagement…! La fac est en fête, on fait un beau Gala pour fêter tout ça. Un beau Gala… J’appréhendes, je sais qu’il y aura de la musique. Je prends des bouchons d’oreilles que je portes toute la soirée (soirée ponctuée d’angoisses), je fais des pauses de 30 minutes régulières et je ne reste jamais plus de 20 (voir 15) minutes dans la musique. En rentrant, je prends de suite un vasodilatateur, angoissée que tout s’aggrave.
Samedi matin, réveil : l’acouphène est plus fort. Je suis angoissée, déçue, dégoutée, énervée.
Dimanche dans la journée, au sifflement s’ajoute bourdonnement, grésillement, vibrations, oreilles bouchées. J’ai mal, j’ai peur, je n’en peux plus, je ne dis rien. “Tiens le coup”,”Tu va y arriver” je me répète.
Lundi matin. Je travail aujourd’hui, mon job étudiant. J’appréhendes un peu mais je me fais violence “tiens le coup”,”tu es plus forte que ça” me dis je. Et je file au boulot. Toute la journée, mes oreilles bourdonnent, vibrent, grésillent, crépitent, sifflent et sont bouchées, je tentent en vain de les déboucher à de multiples reprises. Rien a faire. Je prends mon mal en patience…
Lundi après-midi, premier vertige. Mon sifflement augmente (je ne l’ai qu’à l’oreille droite). Second vertige. Un sifflement apparait brusquement a l’oreille gauche (jusqu’ici épargnée), sans raisons apparentes. Il est violent, fort, terrible. Troisième énorme vertige : et c’est le malaise. Je me retrouve à l’hôpital Georges Pompidou, aux urgences, à Paris. Mes parents habitent a 8000km, mes meilleurs amis aussi, je me sens infiniment seule dans cette salle d’attente pendant les quatre heures qui vont suivre. Un médecin arrive enfin, il me regarde et me dis “on ne peux rien faire pour vous, vous savez, des acouphènes, on en voit tous les jours, rentrez, reposez vous, et essayez de voir un ORL ok ? Mais ici, on ne peut rien faire pour vous”.
Je suis éjectée devant l’hôpital, vertigineuse, j’ai peur de m’effondrer dans la rue. Une amie vient finalement me chercher et prends soin de moi au possible pendant deux jours. J’arrête le boulot.
Le lendemain matin, le sifflement gauche a disparu, je ne comprends rien… Je vais voir l’ORL qui me retire des bouchons de Cerumen important, mais refuse de me donner de traitement : “tu es jeune ça partira” , “c’est comme un second traumatisme sonore, mais tu ne perds pas d’audition, ça partira”. Il me dit que tout est du aux bouchons, rien d’autre, c’est tout. “Au revoir”, et je rentre chez moi.
Par moment, un sifflement à gauche se réveille, puis se rendors, sans raison aucunes. Il me fait peur. A droite ? Les sifflements augmentent, ils ont rarement été aussi puissants. J’ai une seule chance, ça ne grésillent, bourdonnent, et crépitent plus. Par contre, ça tangue toujours, dangereusement, je perds souvent l’équilibre… Et je tangue surtout à gauche.Et maintenant. Depuis ce malaise, rien ne va plus. les symptômes s’enchainent pour disparaitre et revenir aussitôt, je ne comprends plus rien. Je suis perdue, toute seule et j’ai terriblement peur. Je m’efforce à me changer les idées, à sortir, mais maintenant, les bruits extérieurs me font l’effet d’une pression dans l’arrière du crâne, très forte, accompagnée de sensation d’oreilles bouchées. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce que c’est …
Je ne peux plus sortir sans que ça tangue, bourdonne à nouveau, siffle, presse. Je ne plus sourire, je ne peux plus regarder les gens dans les yeux. Je ne supportes plus les sourires sur leurs visages, je les détestent, tous, je me sens seule et dans ma bulle. incomprise, apeurée.Aujourd’hui, j’ai encore essayé de sortir, la mort dans l’âme mais pour me faire un peu violence. Ca a recommencé. Je tangue, mes oreilles me font mal, elles se bouchent instantanément. L’arrière de mon crâne fait pression, je me sens fatiguée, intensément fatiguée, et impuissante. Je rentre chez moi et je fonds en larmes. J’envoi un message à maman, impuissante, elle répond “reposes toi ça ira pour le mieux et de mieux en mieux”. J’y crois pas. J’écris sur mon ordinateur un énième texte de désespoir, que j’enregistre, pour le laisser dans le plus sombre silence.
Dans un mois ou presque, c’est mon anniversaire. J’ai 19 ans bientôt. Mais plus d’envies, plus de rêves, plus d’avenir. Je m’en veux, terriblement, plus que je n’en veux au reste du monde en vérité, je voudrais mourir plutôt que d’endurer ça. J’ai construis mon propre enfer… Vous vous rendez compte ? Bouleversante conclusion que de se rendre compte que tout ce qui m’arrive est uniquement de ma faute, j’ai voulu profiter, être “jeune” et m’amuser dans ces endroits à la con, et j’ai pas su faire attention. Je me suis jetée dans les flammes sans sentir la brûlure, et je n’ai aujourd’hui que les regrets, et la douleur pour me bercer. Que les souvenirs d’un silence et d’une joie passée. C’est ma faute tout ça, hein, il faudrait que j’assume, mais peut-être que finalement, je n’en ai pas la force… Et puis à quoi bon ? C’est moi qui me suis exposée comme ça, moi qui ai aggravé le cas, moi qui suis débile et naive. Alors pourquoi ce ne serait-ce pas aussi à moi de mettre fin a tout ça, de manière définitive. Mettre fin au voyage…
Apres tout, qu’ai-je à perdre ? Ca fais une semaine aujourd’hui, et ça ne baisse pas, ça ne change pas, ça ne s’arrange pas le moins du monde. J’ai perdu espoir en la guérison, et j’ai aussi perdu espoir que ça baisse comme la première fois, j’ai beaucoup plus de symptômes incompréhensibles.
Avant, je me voyais un avenir … Je rêvais de devenir grand reporter d’image, de parcourir le monde et de filmer les plus belles images, les plus beaux desseins. J’ai passé un concours, il y a peut de temps, pour une école qui faisais ce genre de formation. J’aimais les gens, la terre, j’aimais la vie et je voulais la rendre plus belle encore sous ma caméra, immortaliser la magie de ces moments.
Mais j’ai perdu toutes ces envies, aujourd’hui, j’ai perdu tous ces rêves et ces espoirs. Et j’en viens à me dire que je ne verrais peut-être jamais les lumières de cette école. A quoi bon ?
Je me souviens, avant, pour écrire mes poèmes, je m’asseyais dans le silence le plus complet, il m’inspirait. Triste sort pour un artiste de même être interdit de sa source d’inspiration : on m’a retiré la seule chose que j’aimais plus que tout au monde : le silence.
Et avec tout ça, je suis baladée entres tous ces symptômes avec une seule envie, et une seule solution radicale qui s’offre à moi : un seul silence que je pourrais m’offrir de façon irrévocable… De toute façon, à quoi bon ?
Et puis j’ai cette ferme impression, violente, douloureuse, que tout ça ne passera jamais. Je me mets face à mon miroir, je me regardes pendant 10, 15, 20 minutes, et à quoi bon ? Regarde toi… Sur ton reflet est gravé cette souffrance invisible qui te cri sa présence à l’oreille. A quoi bon ?
Tu es jeune, mais c’est ta faute. Avec tes conneries tu as toute seule tracé ton chemin. Ca ne passera pas, les gens disent partout que ça ne passe jamais. A quoi bon ?
C’est ta faute, assumes maintenant, soit assez forte pour de toi même terminer le travail, et réparer de la seule façon possible tes irréversibles bêtises, par une irréversibles solutions. A quoi bon ?
En écrivant, j’ai même mon oreille gauche qui se prends à devenir parfois un peu sourdes, bizarres, vibrantes. Elle me fais, mais avoir peur quand on peut tout arrêter ? A quoi bon ?A quoi bon vivre … à quoi bon .. ?
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