Évaluation de la douleur
Les acouphènes sont une forme de douleur fantôme, l’hyperacousie est une douleur auditive, et ces... Voir la suite
Un hyperacousique à l’hôpital !
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Un hyperacousique à l’hôpital !
Comme il peut arriver à tout un chacun, j’ai dû me faire hospitaliser tout récemment. C’est bien entendu encore plus pour un hyperacousique qu’un normo-entendant une source d’angoisses et de stress. Quelques mots sur le sujet 🙂
Après que le chirurgien ait déclaré qu’il allait m’hospitaliser, je lui signale que je suis hyperacousique et que je ne pourrai pas supporter un voisin de chambre. “Pas de problème, on va vous trouver une chambre seul” me répond il. Il prend sont téléphone et donne quelques consignes. Me voilà donc avec une chambre pour moi tout seul, ce qui est appréciable. Je signale ma condition pathétique aux infirmières qui en prennent bonne note. Hélas, la chambre donne sur un gros générateur électrique et une tour de ventilation. Le bourdonnement continue associé à la soufflerie intermittente est une source de souffrance pour mes oreilles meurtries. Je vais voir l’infirmière chef (que j’appellerai intérieurement “le juteux” pour son style brute de décoffrage ) pour demander à changer de chambre, il y en a deux en face de libres qui sont plus petites mais beaucoup plus silencieuses. “Impossible”, me répond t’elle, avant d’ajouter sans avoir l’air de le penser “désolé”. Celui qui est désolé, c’est surtout moi. Le stress augmente et je commence un peu à paniquer, j’envisage alors sérieusement de prendre mes affaires et de me barrer. Je me reprends, enfonce plus profond mes protections auditives (SNR 18 dB) et tire ma chaise loin de la fenêtre.
L’attente est longue, je suis rentré à 7 heures et ne suit programmé que pour 13H. Je ferme la porte, ce qui me protège convenablement des bruits du couloir mais je ne peux échapper au bourdonnement extérieur, d’autant plus que la salle de bain, équipé d’un système de ventilation continue et bruyante, ne peut m’offrir asile. Sinon, j’y aurai élu domicile. Finalement, on vient m’embarquer pour le bloc. J’enfonce des protections auditives plus costauds (SNR 36 dB) et roulez jeunesse !
Les protections sont efficaces et je ne suis pas gêné par les bruits ambiants qui restent à un niveau supportable. Arrivé en bas, l’équipe remarque que je porte des bouchons. Je leur explique ma situation. A titre anecdotique, je découvre que l’anesthésiste n’a pas lu mon dossier. Deux jours auparavant, j’ai passé 20 minutes avec son assistante à remplir un dossier que le médecin n’a même pas lu. C’est assez effrayant.
Je demande un relaxant que l’assistante avait évoquée lors de l’entretient préalable et qui aurait dû déjà m’être donné. On me dit que l’anesthésiste me le donnera. En fait, malgré mon insistance, on ne me donnera rien. C’est là la marque d’une insuffisance professionnelle regrettable, mais bon, je suis sanglé, je ne peux pas m’échapper ^^
On m’amène au bloc et là, on me colle dans les naseaux de l’oxygène. Le bruit de l’air pulsé est difficilement supportable. Je me crispe. L’anesthésiste me demande de me détendre pour l’injection dans le dos. Je lui répond qu’avec le bruit de l’oxygène, c’est impossible. Son assistante diminue immédiatement le débit du flux, rendant le volume sonore tout à fait supportable. Je me détend. On me pique et le charcudoc fait son boulot. On me ramène ensuite dans ma chambre.
Je prends un Xanax avant de m’endormir. La nuit sera difficile, entre le bourdonnement incessant du générateur sous ma fenêtre et les infirmières qui viennent toutes les deux heures voir si je ne suis pas mort, le sommeil ne sera guère présent cette nuit là et paradoxalement, mes oreilles seront plus douloureuse que la partie de mon anatomie opérée. Je rappelle aux infirmières mon handicape auditif et la nouvelle équipe fait de son mieux pour entrer dans ma chambre le plus silencieusement possible. J’apprécie leur professionnalisme et leur empathie.
Le lendemain matin, je reprends un Xanax. Je prends alors conscience que je commence à m’habituer aux bruits du générateurs, arrivant par moment à ne plus y penser quand je concentre mon attention sur autre chose, la lecture ou un jeu vidéo par exemple. La soufflerie intermittente restera elle un problème.
Ensuite… et bien, retour à la maison et au relatif silence de mon chez moi ! Je me prends alors en retour le contrechoc nerveux et l’addition du manque de sommeil : points de vie à zéro 🙂
Au final, je dirai que si l’hôpital se soucie du bruit officiellement selon les normes en vigueur, rien n’est pensé pour un hyperacousique. Et comment cela pourrait il l’être ? Les normo-entendants ne réalisent pas le moins du monde combien les sons de leur quotidien sont devenus une source de souffrance pour nous. Et c’est bien compréhensible, à moins de le vivre, c’est impossible à réaliser. Quant au personnel hospitalier et bien la majorité d’entre eux a fait un effort face à ma situation particulière, pas tous, et pas toujours un gros effort mais globalement, vu le type d’usine inhumaine qu’est un environnement de ce type et les contraintes qu’il impose aux personnes qui y travaillent, bin… c’était déjà pas si mal 🙂
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