

Acouphène : témoignage
Témoignage d’acouphène disparu, de guérison, témoignage positif ou moins positif… Partageons nos... View more
Témoignage perso
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Témoignage perso
Bonjour,
Je voudrais adresser un témoignage qui j’espère donnera un peu d’espoir aux acouphéniques dont les symptômes sont similaires aux miens. Il y a tant de témoignages anxiogènes sur le net que je trouve important d’apporter aussi un retour lorsque les choses s’arrangent.
Petite présentation. Je suis un homme, la grosse quarantaine (mais plutôt sportif), sans problème de santé particulier, ayant toujours eu une certaine sensibilité aux sons aigus et une légère tendance à l’insomnie. Un soir d’octobre, apparait soudainement un bruit aigu à l’oreille droite doublée d’une vague impression d’oreille bouchée. Cela m’arrive rarement, mais jusqu’à ce jour, le symptôme passe en 2 ou 3 secondes. Mais là, nada, le bruit et bien là. Et il reste. Je pense tout de suite à un bouchon d’oreille, donc lavage d’oreille au Cérulyse… Pas d’amélioration. Je comprends rapidement que je suis dans la merde… et que viens de chopper un acouphène. Je connais le sujet, ayant eu une amie acouphénique et hyperacousique.
Mon acouphène se traduit par un son continu et aigu comparable à un sifflement, sans changement d’intensité. Inaudible ou quasi inaudible dans une ambiance sonore normale (rue, travail, conversation) mais perceptible, de façon diffuse si je me focalise ou que je « l’écoute ». Il est audible dans le calme, il devient envahissant dans le silence en position couché. Dans le silence, l’acouphène est difficilement perceptible si masqué par un bruit d’ambiance (eau qui coule, pluie, bruit d’un ordinateur allumé) et « disparait à l’écoute » de bruit blanc.
Ce beau jour d’octobre, le ciel me tombe donc sur la tête. Moi qui ne dors que dans le calme absolu, et qui de manière générale déteste les bruits (je ne suis pas sonophobe, mais pas loin) il m’est évidemment impossible de dormir. Même sous somnifère (Zolpidem), je dors cette première nuit (et les suivantes) à peine 2 heures. Au « réveil », évidemment, cette saloperie est toujours là. Le moral en chute libre, je passe mes premières nuits d’insomnies à essayer de rationaliser et de comprendre pourquoi j’ai ce sifflement (trauma sonore, rhume, manque de vitamines, choc psychologique)…
Je prends RDV avec mon médecin traitant en urgence. Le diagnostic après l’auscultation est d’une banalité affligeante : trompe d’Eustache droite bouchée, prescription d’un vasoconstricteur nasal (Derinox) et d’un antihistaminique. Etrangement, je constate une franche baisse de l’acouphène dans l’après-midi et la soirée, mais il ne s’agit là que d’un effet placebo. Le sifflement est toujours là.
Je passe les 3 jours suivants dans un état d’anxiété croissant, entretenu par ce que je peux lire ici ou là sur le net et par une fatigue induite par des nuits sous somnifères ne dépassant pas les 3 ou 4 heures de sommeil hypnotique. Outre l’acouphène, mon problème est surtout la fatigue chronique qui s’installe, car mon état nerveux rend inutile mes tentatives de dormir avec un fond sonore… Mes proches (femme, enfant) me soutiennent comme ils peuvent mais sans vraiment comprendre ce qui m’arrive. Par ailleurs, je n’ai plus aucun appétit.
La consultation avec l’ORL de quartier donne le diagnostic suivant : acouphène subjectif unilatéral sans cause déterminée. L’audiogramme ne détecte pas de perte auditive. J’aurais même le droit au classique « vous avez une très bonne audition pour un homme de votre âge ». L’ORL ne me cache pas qu’il n’a pas de solution… Une rapide discussion me fait comprendre qu’il estime que les corticoïdes, les vasodilatateurs et autres ne servent à rien dans mon cas. Il me fait néanmoins une prescription d’anxiolytiques (Xanax).
Je ressorts de la consultation le moral à zéro… Je n’ai jamais pris d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs et globalement je ne crois pas en ce genre de solution. J’ai l’impression d’être au début du long le chemin de croix que tous m’ont décrit, à base de corps médical dépassé, de course aux spécialistes, de recherche de la solution miracle… Bref, je prends acte que ma qualité de vie actuelle n’est déjà plus qu’un souvenir et que les prochains mois/années vont être à la fois longs et pénibles.
Je vais néanmoins achetez mon Xanax. La première prise, un soir, ne change rien. Le demain, je remarque d’une part que l’appétit revient, et que d’autre part, l’acouphène disparait en ambiance normale ou calme pendant environ 4 heures. L’acouphène n’est plus perceptible sauf si je me focalise en mettant un doigt dans l’oreille. L’effet reste cependant limité sur le niveau d’anxiété général, mais je me dis que c’est déjà çà. Un silence artificiel ponctuel vaut mieux que pas de silence du tout. Je dors toujours mal et toujours en m’assommant au Zolpidem.
Après quelques jours de traitement aux anxiolytiques, je constate un soir que je ne perçois plus mon acouphène, alors que compte tenu de l’heure de ma dernière prise, le Xanax ne devrait plus faire d’effet. Ce soir là, j’ai la tête qui bourdonne de fatigue, j’ai même l’impression d’avoir des hallucinations auditives, car je perçois des bruits de grésillements électriques… Mais ces bruits ne viennent pas de mes oreilles, ils sont en quelques sortes internes. Et puis, ils n’ont rien à voir avec mon sifflement habituel. Grosse crise d’angoisse… Voilà que ma béquille chimique me rend dingue.
N’ayant pas envie de subir cela… Double dose de Zolpidem, puis dodo.
Cette même nuit, je me réveille vers 3 heures du mat, la bouche pâteuse, la tête dans le cul, mais je constate que quelque chose ne vas pas. Tout est calme. Pas de sifflement. Je passe une heure à écouter le silence… Rien. Ce rien m’empêche de me rendormir… Le lendemain, au travail, je passe ma journée à guetter le retour de mon acouphène, je suis perclus de fatigue après presque 10 jours de non-sommeil et de stress, mais il est bien parti.
Aujourd’hui, il n’est pas revenu. Inutile de vous dire que je touche du bois et que je vis (un peu) dans la crainte de son retour. Je n’ai d’ailleurs pas (encore) retrouvé un cycle de sommeil normal, et suis vaguement parano vis-à-vis des bruits soudains ou trop forts.
Je sais bien que chaque cas est unique, non-transposable et que mes conclusions sont nécessairement biaisées pas mon expérience. Mais je voulais témoigner pour ceux qui ont un acouphène comme le mien, c’est-à-dire non consécutifs à un trauma sonore et sans perte d’audition : la piste psy (au sens large) est probablement la bonne et le recours aux camisoles chimiques peuvent être une solution pour interrompre le cercle infernal.
Je vous souhaites à tous bonne chance, car les quelques jours d’enfer que je viens de vivre, qui plus est avec un acouphène loin d’être violent, m’ont vraiment ouvert les yeux sur ce que beaucoup peuvent subir au quotidien.
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