Phonophobie, peur du bruit soudain ?

  • Phonophobie, peur du bruit soudain ?

    Publié par robertpolson le 7 février 2018 à 19 h 23 min

    Bonjour,

    Je me permet de poster ce message sur votre forum car je souffre de ce que (je crois) être de la phonophobie. Les médecins, ORLs, psychiatres, psychologues et sophrologues que j’ai consulté n’ont pourtant jamais prononcé ce mot.
    Je n’ai pas de problème d’acouphènes ou d’hyperacousie (en tout cas aucun ORL ne m’a diagnostiqué ça), il s’agit uniquement d’une phobie / névrose.

    Mes symptômes sont assez faciles à décrire : j’ai depuis l’enfance une phobie totalement paralysante et envahissante des bruits soudains. Ma phobie s’est accentuée fortement à l’âge adulte, et elle ne recule plus du tout. Je sursaute très facilement à n’importe quoi. Il peut s’agir d’aboiements, de sonneries d’interphones ou de téléphones, de portes qui claquent et j’en passe. Comme je supporte mal le ridicule de la situation et que même seul je trouve ça très désagréable (j’éprouve la sensation de peur et une sorte de colère contre moi même), ça a pas mal de conséquences sur ma vie.

    En plus, j’ai tendance à anticiper les situations, à imaginer le pire, ce qui me met dans des états d’anxiété avant même d’être confronté à la phobie.

    Je m’isole beaucoup plus que je ne le voudrais, j’évite certaines situations simplement à cause de cette phobie. Je travaille essentiellement à domicile car je ne supporte pas le bureau et toutes ses nuisances sonores. Pour contourner le problème parfois, je met un casque avec de la musique afin d’atténuer les sons. Parce que curieusement j’ai peur des bruits soudains mais je me sens parfaitement à l’aise dans des environnements très bruyants (Boite de nuit, bar, concert…) où le bruit soudain sera de toute façon étouffé. Ça a aussi pas mal de conséquences sur mes relations avec les autres.

    Dans les pires périodes, je me sens dans un état d’anxiété et de tension permanent. Dans ces périodes là je n’ai plus goût à rien. J’ai parfois eu des envies morbides car je ne supportais plus cet état.

    J’ai pas mal de questions :

    – Est ce que certains membres du forum se reconnaissent dans mon témoignage ? Et leur a-t-on diagnostiqué une phonophobie ?
    – Est ce qu’un traitement a réussi à soulager votre phobie ? Pour ma part j’ai déjà essayé la relaxation, la TCC, la sophrologie. J’ai aussi pris pas mal d’anxiolitiques et d’anti dépresseurs mais j’étais accroc et j’aimerai idéalement ne pas en reprendre.
    – Pensez-vous que l’hypnose thérapeutique puisse être adaptée ?

    Merci d’avance pour vos réponses.

    remino2003 a répondu il y a 1 année, 9 mois 10 Membres · 19 Réponses
  • 19 Réponses
  • didierherman

    Membre
    7 février 2018 à 19 h 45 min

    Bonjour
    j’ ai une sirène dans les oreilles h 24 et je suis obliger de mettre des bouchons 12 heures par jour à cause de mon hyperacousie .
    Donc j’aimerais avoir 1000 fois avoir votre situation. rien que de pouvoir écouter de la musique en paix cela serait le paradis pour moi .
    donc pas d’inquiétude vous allez surmonter votre phobie .

  • robertpolson

    Membre
    7 février 2018 à 20 h 09 min

    Bonjour,

    Je comprends que votre souffrance soit terrible, pire que la mienne sans doute. Mais ça fait 10 ans que je me bat contre ça sans aucun résultat. Et croyez moi, si je poste ce pavé sur ce forum après autant d’échecs c’est que je suis désespéré et à cours de solutions.

  • blendman

    Membre
    7 février 2018 à 21 h 07 min

    Salut

    Dans le cadre d’une phobie, on peut essayer la mithridation, c’est a dire, l’exposition à des doses infimes, et on augmente très progressivement.
    Par exemple on peut commencer par regarder des videos avec des choses soudaines sans son, comme un coup de feu, un eclair, etc…
    Puis, on regarde ces videos en mettant le son a 1, puis2, puis3, etc…
    Puis, on fait la meme chose sans vidéo, pour la surprise, avec le son a 1 , puis2, 3, etc…

    Tu peux être concentré dessus, et ensuite, faire des choses en parallèle.

    On habitue le cerveau tout doucement, d’autant que dans ton cas, tu n’as ni acouphènes, ni hyperacousie, ce qui est une chance.

    Ces exercices sont utilisés pour soigner beaucoup de phobies. Il faut les faire régulièrement, sans forcer, en se rassurant aussi.

    Tu peux aussi en parallèle essayer de rationaliser cette situation, c’est a dire, d’abord décrire tes émotions, les raisons de ces émotions, écrire des solutions qui peuvent t’aider à comprendre que ce ne sont que des idées que tu as, puis à nouveau, on note nos émotions.

    Autre chose : occuper son esprit sur des choses qu’on aime, ou sur lesquelles on se focalise, et se soumettre petit à petit à des sons brusques, d’abord très bas, puis un peu plus fort.

    Après, as tu consulté un neurologue ? Car parfois, il peut y avoir derrière une phobie une pathologie que l’on peut soigner.

    L’idée etant d’essayer de t’habituer à ces sons brusque pour toi.
    Tu t’es conditionné et tu as conditionné ton esprit à reagir et avoir peur des sons brusques, tu dois te deconditionner en t’exposant très progressivement et en te rassurant en parallèle, ainsi qu’en rationnalisant tes pensées.

    Enfin, l’hypnose pourrait aussi t’aider.

    Voila, j’espère que cela te sera utile.

  • orion

    Membre
    7 février 2018 à 21 h 28 min

    Bonsoir,

    j’ai souvent entendu parler de la phonophobie, mais c’est la première fois que je lis un témoignage à son sujet !
    Je croyais même que cela n’existait pas, pour tout dire.

    J’ai deux remarques :
    1- comment se fait-il que personne ne vous ait parlé de phonophobie ? Les thérapeutes sont bizarres, quand même.
    2- je suis étonnée que la TCC n’ait pas eu un effet sur vous. C’est une thérapie qui fonctionne vraiment bien sur les phobies. C’est peut-être une question de thérapeute mal formé ?

    Si j’avais ce genre de souci, j’irai plutôt vers un psy TCC formé à cette phobie.
    Il vous accompagnerait dans une exposition graduée.

    Comme je vous tiens, cette phobie est-elle liée à un état de stress post-traumatique ?

  • robertpolson

    Membre
    7 février 2018 à 21 h 56 min

    @blendman

    A propos de neurologie, j’avais eu un scanner il y a quelques années qui n’avait rien révélé. Je n’ai pas poussé plus loin de ce côté là.
    Je cherche depuis un moment un thérapeute fiable en hypnose, ce n’est pas évident. Mais vous me redonnez envie d’explorer cette piste. La dernière psychologue et hypnothérapeute que j’ai consulté m’a dit en substance “c’est dans votre tête, l’hypnose ne peut rien pour vous”. Ça m’avait un peu découragé (et étonné)… Je sais que tout ça est une construction de mon esprit mais ça ne rends pas la chose plus vivable.

    @orion

    Oui c’est parce que ça semble très rare que je poste sur ce forum. J’ai parfois l’impression d’être un extraterrestre ou un cinglé tellement personne ne semble se reconnaître là dedans.

    “comment se fait-il que personne ne vous ait parlé de phonophobie ? Les thérapeutes sont bizarres, quand même.”

    Je ne sais pas du tout… Soit il s’agit de quelque chose d’encore très méconnu, soit je me trompe sur mon propre diagnostic.

    “je suis étonnée que la TCC n’ait pas eu un effet sur vous. C’est une thérapie qui fonctionne vraiment bien sur les phobies. C’est peut-être une question de thérapeute mal formé ?”

    Je n’ai fait qu’un seul essai de TCC, pendant plusieurs mois. La psychologue était très motivée mais elle avait aussi très peu d’expérience. Pour tout dire et c’est le cas de toutes les thérapies que j’ai suivi, j’ai parfois l’impression “sur le coup” que ça m’aide. Puis quand je me retrouve seul, après la thérapie, “je replonge” et du coup je me dis que je dois vivre avec ma phobie, quitte à vivre dans la fuite. Mais vous avez raison, la TCC est peut être à retenter avec un thérapeute plus expérimenté.

    “Comme je vous tiens, cette phobie est-elle liée à un état de stress post-traumatique ?”

    Là aussi je n’ai aucune certitude. Tout petit (4 ans environ) j’ai été attaqué par un très gros chien sorti par surprise de son jardin. Je suis tombé de mon vélo et à plus de 30 ans aujourd’hui je me souviens encore de la gueule du chien qui hurlait au dessus de moi. Dans mon souvenir, il était gigantesque et très proche de moi. C’est la seule hypothèse que j’ai.
    Sinon j’ai des parents très aimants qui ont toujours été adorables mais également très anxieux et nerveux. Je pense qu’ils m’ont communiqué très jeune leur anxiété.

    Merci beaucoup pour vos réponses à tous les deux !

  • Membre Inconnu

    Membre
    9 février 2018 à 21 h 41 min

    Bonsoir,

    Es-ce que quelqu’un vous à déjà parlé de vos muscles stapédiens?
    Comment sont ils? ils fonctionnement normalement? ils réagissent normalement?
    Atrophiés? hypertrophiés? normaux?

    Es-ce que votre impédance tympanique à été mesurée? (Impédancemétrie)
    Que révèle cette mesure ?

    Avant de vous dire que tout vient de votre tête, il faudrait déjà en être totalement sûr, non?

  • lulugene

    Membre
    9 mars 2018 à 15 h 51 min

    (désolée de remonter un sujet, mais en faisant des recherches moi même sur la phonophobie, c’est la première fois que je rencontre un témoignage similaire au mien et qui ne date pas de mille ans!)

    Donc, bonjour à toutes et tous et surtout à Robertpolson!

    Je n’ai pas de solution malheureusement, mais juste un petit message de soutien et dire que non, tu n’es pas un extraterrestre; je vis exactement la même chose que toi.

    Et ce, depuis toujours.
    De mes plus lointains souvenirs enfant, j’avais déjà “peur du bruit”, donc les bruits forts (qui commencent à partir du bouchon de champagne devant moi), les coups de feus à la télévision (et pire au cinéma, que je boycott suite à ma phonophobie), les feus d’artifices enfant (seule chose que j’ai réussi à vaincre), les ballons de baudruche qui sont l’horreur absolue sur terre et encore pire que c’est tenu par des enfants qui courent, etc.
    Avec aussi le fait que je sursaute vite, que si je suis dans un environnement serein, si un stylo tombe je sursaute et je garde des palpitations pendant quelques minutes et aussi si quelqu’un tousse et que je ne m’y attends pas.
    On peut rajouter en dernier, la sonnette de la porte d’entrée.
    La liste n’est pas exhaustive mais retrace grosso merdo l’enfer que l’on vit.
    (car oui Didier, je suis vraiment désolée de lire vos souffrances, mais il ne faut pas minimiser ce que nous vivons aussi, c’est excessivement handicapant!)

    De mon côté je n’ai jamais vraiment tenté de le soigner, car ça me semble impossible et que je me sens bien seule avec ce problème qui en général fait sourire/rire les gens avec en prime leur incompréhension et le mépris.
    Mais avec ma mère, qui était peut-être la seule à pouvoir m’aider compte tenu que j’ai vraiment TOUJOURS eu ça, elle a remonté le problème au premier choc “traumatique” lié à ça que j’aurai vécu in vitro : en stade de grossesse bien avancée, elle avait décidé de prendre un bain et pour éviter de glisser, elle avait opté de se mettre dans la baignoire avant de faire couler de l’eau. Donc une fois installée, elle a ouvert le robinet et l’eau s’est abattue sur la paroi en fonte. Et la boum caisse de résonance il parait que j’ai fait un sursaut de malade dans son ventre. (et c’est vrai que j’ai fais le test plus âgée d’écouter le bruit que ça fait quand l’eau coule dans une baignoire en fonte).

    J’angoisse tout le temps à l’idée d’entendre un de ces bruits. Et si je suis en situation avec un élément déclenchant ce stress (bouteille de champagne, ballon de baudruche, pétard du 14 juillet, ….) je suis en état de panique totale.

    Et voilà, rebellote une similitude, c’est que dans les environnements bruyants (concerts- sauf lors des balances du groupe- bar, grosse soirée, etc.) je n’ai pas de problème, mais dès que c’est susceptible d’avoir des bruits soudains ou sans cohésion de rythme, alors là c’est finit.
    La seule solution est le port d’un casque qui amoindrit les bruits extérieurs, en mettant ma musique que je connais et qui ne me surprend pas, à fond.

    Et à la différence de toi, et je suis désolée de lire que n’aimant pas le ridicule de la situation, tu en souffres encore plus en t’isolant, j’ai de mon côté pris le parti d’expliquer aux gens, qui souvent rigolent, mais je me dis tant pis, et alors je me bouche les oreilles en acceptant et en me détestant en même temps d’avoir ce comportement mais qui en même temps m’aide à survivre à pas mal de situation (aka les bouchons de champagnes!)

    Quel âge as tu? Je lis que tu dis que ça fait 10 ans que ça te fais vivre un enfer, donc est-ce apparu subitement?

    Donc voilà, désolée mais je me devais de partager ça, pour une fois, pour soutenir aussi, et rassurer que non tu n’es pas cinglé!

    Bien à vous tout le monde!

  • robertpolson

    Membre
    9 mars 2018 à 16 h 35 min

    @mokaccino

    Merci pour votre réponse ! Je pourrai creuser de nouveau du côté de mes oreilles, mais jusqu’à présent les ORLs n’ont jamais rien relevé de particulier.

    @lulugene

    Ne sois pas désolée au contraire, merci ! Ton témoignage corresponds exactement à ce que je vis.

    De mon côté je n’ai jamais vraiment tenté de le soigner, car ça me semble impossible et que je me sens bien seule avec ce problème qui en général fait sourire/rire les gens avec en prime leur incompréhension et le mépris.

    Oui mais je crois qu’on voit du mépris là où il n’y en a pas toujours. J’essaye de prendre un peu de recul là dessus, et je pense qu’il y a aussi une crainte d’être ridicule. Donc une sorte de phobie sociale, comme si on avait l’impression que les autres nous observent tout le temps, en attendant qu’on fasse un faux pas.
    Alors qu’en vérité la plupart du temps, chacun vit dans sa bulle et se moque pas mal de ce que font les autres.
    Bon ce sont de belles paroles que je dis là mais c’est pas évident à mettre en pratique !

    Et j’espère encore que ça peut s’arranger, après tout il y a plein de type de thérapies pour les phobies. Mais c’est long et parfois un peu décourageant.

    Quel âge as tu? Je lis que tu dis que ça fait 10 ans que ça te fais vivre un enfer, donc est-ce apparu subitement?

    J’ai 33 ans. Ça a pris de l’ampleur il y a dix ans au moment où je suis rentré dans la vie professionnelle. Mais je suis comme ça au moins depuis la petite enfance. Simplement avant, ça n’avait pas envahi ma vie à ce point…

    Je vais rencontrer une nouvelle psychologue très bientôt, je te tiendrai au courant de ce qu’il en ressort.

    Et toi tu as quel âge ? Est ce que tu arrives à travailler dans des conditions “normales” ? En tout cas je trouve ça très courageux d’en parler ouvertement aux autres. Je commence à peine à en parler à des amis, et j’ai mis des années avant d’en parler ouvertement à ma famille.

  • patriciaj

    Membre
    18 mars 2018 à 12 h 44 min

    Bonjour.

    J’ai des acouphènes et je ne supporte pas certains bruits du quotidien. Je sursaute aussi à certains bruits soudains comme une porte qui s’ouvre, qui se ferme, quelque chose que l’on fait tomber, un bruit soudain, une sonnerie, quand on frappe à la porte de mon service (sur mon lieu de travail), quand la machine à café de mon travail se met en marche, etc

    Mes collègues de travail le voient et sont souvent étonnés de me voir sursauter et cela me gêne énormément aussi de mon côté.

    L’anxiété y est pour beaucoup RobertPoison (c’est un des symptômes de mon ALD pour laquelle je suis soignée). Au début j’ai cru que cela venait des bruits que je ne supporte plus ou de l’hyperacousie mais un audioprothésiste m’a dit que d’après lui ça serait lié à mon ALD et à la manière dont je me sens (si je suis fatiguée, anxieuse ou stressée ou autre).

    Après je ne sais pas 🙁

  • robertpolson

    Membre
    19 octobre 2018 à 12 h 35 min

    Bonjour,

    Merci pour votre réponse Patricia. Désolé pour l’énorme délai de réponse !
    Oui effectivement je crois que vous avez raison, cette hypersensibilité aux bruits n’est qu’un symptôme de l’anxiété. Après la peur du sursaut vient alimenter l’anxiété, qui elle même alimente l’hypersensibilité… etc.

    Je tenais à faire un premier retour car les choses ont pas mal avancées pour moi. Si ça peut aider d’autres gens dans le même cas que moi, dont vous Patricia, j’en serai ravi.

    Je vois une psychologue depuis 3 mois qui est une sorte de “coach” pour avancer à petit pas. Je fais un peu ma TTC maison : je tente de m’exposer progressivement à des situations angoissantes. Je pratique de la relaxation quotidiennement.

    Mais surtout, la psychologue m’a dirigé vers un psychiatre qui m’a prescrit des antidépresseurs. Il m’a prescrit du “Venlafaxine” en 75 mg pour l’instant. Peut être que la dose sera revue à la hausse plus tard. En tout cas, effet placebo ou vrai effet je crois que le médicament m’aide à me lancer dans des situations que je fuyais autrefois. La prescription est faite de manière raisonnée et réfléchie, pas comme certains généralistes qui prescrivent du Lexomil comme des tic tac.

    Je pense que ça peut permettre de lancer un cercle vertueux et de briser cette fichue spirale infernale !

    Je redonnerai des nouvelles au fil de l’eau. Bon courage à ceux qui luttent contre tout ça.

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