Nouveau traitement pour les acouphènes
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Essai de synthèse sur les recherches en cours (SHORE-TZOUNOPOULOS)
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Essai de synthèse sur les recherches en cours (SHORE-TZOUNOPOULOS)
L’idée est de proposer un essai de résumé de l’étude en cours de Susan SHORE. Pour ce faire, je me permets de synthétiser aussi deux articles, l’un sur l’hyperacoursie, l’autre sur les voies auditives et le phénomène d’apoptose (destruction cellulaire).
Je vous mets en annexe des schémas réalisés par mes soins. Ils n’ont pas pour ambition de décrire la réalité des fonctionnements. C’est juste une tentative de modélisation des grands principes et de l’esprit des mécanismes. Bien sûr, il faut comprendre que la réalité est plus complexe, les interactions multiples. Par exemple, je ne cite que les cellules fusiformes, alors que dans les mécanismes d’inhibition il y a aussi d’autres cellules importantes qui entrent en jeu (des cellules « à » GABA, les cartwheel, les golgi, etc.). De même, je ne modélise qu’une « couche » par exemple sur le schéma des « codages » au niveau des fibres nerveuses. La réalité est certainement plus complexe, avec des couches multiples.
Si vous voyez de grosses imprécisions ou erreurs qu’il conviendrait de corriger ça serait super d’affiner le truc.
Parfois, je place des hypothèses et propositions de modélisation personnelles, non que je sois légitime à le faire, mais parce que j’essaye de faire des liens entre les textes. Il y a des points de jonction, des renvois explicites. C’est comme ça que je vais essayer de faire un lien entre SHORE, TZOUNOPOULOS, et les études sur l’Aotal, l’Oxytocin, la stimulation du nerf vague.
Donc les textes et références sont les suivantes :
– Shore :https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5863907/
– Puel et Lurquin : [lien supprimé car le document PDF n’est plus disponible] – Oxytocin : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5613090/
– Aotal : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3271548/
– Tzounopoulos http://www.jneurosci.org/content/35/23/8829.short (aussi plus simple, ses videos sur youtube)
FONCTIONNEMENT DE L’AUDITION, ACS ET HYPER :
Au départ, il y a une onde mécanique (son). Elle touche le tympan, les osselets de l’oreille moyenne, les cellules ciliées externes. Les cellules ciliées externes se contractent et amplifient les mouvements de la membrane basilaire et affinent le message en fréquence.
En suite dans l’oreille interne, on a les fameuses cellules ciliées internes. Chacune est connectée à une vingtaine de fibres du nerf auditif. A ce niveau, avec la cochlée, l’onde mécanique est transformée en signal électrique. Le neurotransmetteur principal à ce niveau est le GLUTAMATE. Or le glutamate, en excès, est toxique pour les cellules nerveuses.
Quoiqu’il en soit, de relais en relais, le signal électrique parvient aux noyaux cochléaires où sont situées les cellules fusiformes. Des noyaux cochléaires partent les messages par la voie primaire, et par la voie non primaire. Sur les schémas 1 et 2, vous voyez les noyaux principaux et leurs fonctions.
Donc, quand le son est trop fort, trop long, etc. bref traumatisant, ingérable, les cellules ciliées vont envoyer du glutamate en excès. Cela va détruire des cellules ciliées et des fibres nerveuses.
Il faut voir que les mécanismes de protection et de compensation font que l’on peut avoir les voies auditives endommagées mais un audiogramme « normal », pas toujours mais ça arrive.Une fois le trauma survenu, ou plus généralement les nerfs endommagés. Se produit un phénomène de « compensation » et de réorganisation central assez rapide. C’est ce phénomène qui va entraîner l’hyperacousie et les acs. Il est postulé que les vieux, qui ont moins de plasticité cérébrale, peuvent perdre de l’audition par vieillesse sans que la réorganisation ne soit efficace = explications en partie des surdités sans H ni acs. Ici les mécanismes de compensation et de réorganisation sont sans doute complexe, d’où les variations entre individus et le fait que certains jeunes un peu sourds n’ont pas d’acs ou H. Mais généralement, un trauma entraîne ces symptômes.
MÉCANISMES PRODUISANT LES ACS ET HYPER :
L’hyperacousie est bien un phénomène central qui va atteindre les boucles d’inhibition et de modulation du signal. Au final, au niveau du cortex, le son va bien être entendu plus fort. Ce n’est pas une simple hypersensibilité aux bruits forts, mais un décalage dans le décodage des signaux.
L’ac va être le fruit d’une erreur de codage du son « silence ». Mal codé, mal décodé, le silence est alors entendu par un ou des sons.
Il faut avoir en tête que les fibres nerveuses auditives (post cellules ciliées internes) émettent des signaux électriques même sans stimulation, donc pour faire schématique, dans le silence. Autrement dit le SILENCE est CODE. Après trauma, le code est corrompu (Schéma 3), ceci entraîne une levée des mécanismes de rétroaction négatives, un échec des mécanismes d’inhibition du signal (Schéma 4). Les cellules fusiformes notamment se mettent à émettre sans « raison » plus que de coutume, et à se synchroniser entre elles. C’est un phénomène d’emballement, qui causerait, à vide l’ac, et sur les sons l’hyper.
Ce qui est intéressant ici, c’est de voir que les chercheurs s’accordent sur l’importance du noyau cochléaire dorsal. Les cellules fusiformes se dérèglent facilement au niveau des… canaux potassiques voltage dépendants ! Les fameux Kv7 2.3 étudiés par Tzounopoulos. C’est là une grande partie du mécanisme de la rétroaction négative. D’où certainement le fait que la Rétigabine fonctionnait (de moyennement à fortement) pour les acs. Les nouveaux dérivés de Rétigabine seront plus puissants et plus spécifiques. Restera à voir s’ils permettront de relancer la machine, ou s’il faudra prendre le traitement à vie.
Voir aussi qu’un noyau cochléaire qui se suractive, ça génère acs et H au niveau du cortex, mais ça génère aussi, par la voie non primaire, une suractivation du système limbique. L’anxiété, la focalisation, l’hypervigilance, la dépression sont partie liées à cette excitation mécanique. Donc c’est pas une question de force mentale. Faut pas culpabiliser, c’est en grande partie mécanique.
Bien sûr les technique de relaxation vont être essentielles, d’une manière ou d’une autre il convient prendre tout ce qui peut apaiser. Un peu d’apaisement c’est pas grand-chose, mais ce pas grand-chose s’il peut faire basculer la vie dans le supportable, c’est à prendre. Petit clin d’oeil à admin, qui soulignait à juste titre, que plus on est sensible (inhibition latente si je me souviens bien) plus c’est dur. Je crois que c’est parce que plus on est sensible et plus c’est dur de faire contrer la mécanique d’excitation par des techniques de relaxation.
Quoiqu’il en soit, dans le système limbique, il y a l’amygdale. Or, on peut vraisemblablement agir dessus par… l’Oxytocin 😉Reste aussi les médicaments calmants plus classiques qui participent de l’inhibition. Mais d’une manière non spécifique et pas assez ciblé (d’où sans doute les résultats variables en termes d’action sur les acs et H des benzos, parfois ça ne marche pas du tout).
Mais les alliances de traitement seront peut-être une forme de solution pour essayer de tout ré équilibrer.
LE COUP DE GENIE DE SHORE :
Susan SHORE propose de ré éduquer les cellules, de les reprogrammer, sans médicaments ! Comment donc ?
Ils se sont aperçus que les noyaux cochléaires dorsaux ne reçoivent pas que des messages du nerf auditif. Ils sont le relais et le centre de signaux arrivant aussi du corps (d’où le terme somatosensoriel). Le cou, la mâchoire, les muscles de l’oreille moyenne, trijumeaux, cortex auditif (en feed back certainement), etc.
Ils sont partis notamment du fait que des douleurs dentaires ou cervicales précédaient parfois l’ac. Que la stimulation de ces zones pouvaient accentuer les acs, etc.
Notons que je ne sais pas si le nerf vague rejoins le noyau cochléaire. Si c’est pas le cas ou pas directement ça expliquerait à la fois la part de réussite et d’échec de la thérapie par stimulation du nerf vague.Ils se sont aussi aperçus que les cellules fusiformes peuvent être mises en état d’hyper excitation ou d’apaisement en fonction des signaux qu’elles reçoivent. Ces états perdurent dans le temps : long term potentiation, et long term depression. En fonction de comment elles sont stimulées ces cellules vont adopter soit une configuration qui les rend excitables, soit une configuration qui les rends résistantes à l’excitation.
Le principe c’est de jouer sur la stimulation somatique par décharges électrique sur la peau ; et d’autre part sur la stimulation sonore par audition de sons. En fonction du rythme et de l’ordre de la séquence, on obtiendra l’une ou l’autre des configuration : Stimulus Time Dependent Plasticity STDP.
Le Schéma 5 modélise la chose. Shore explique ainsi pourquoi les thérapies sonores sont insuffisantes : il faut les deux types de stimulation pour ré éduquer les cellules. Les thérapies sonores peuvent endurcir le patient, pas diminuer son H ou son ac. Elles peuvent aussi amortir les différences de puissance dans l’environnement mais au prix de GBB qui sont des acs artificiels en somme.
Les résultats ont l’air prometteurs. Et je pense qu’il n’y a pas de raison qu’ils ne soient pas étendables à tous les types d’acs. Car ça se joue dans les noyaux cochléaires. D’ailleurs Shore va jusqu’à dire que la majorité des acs sont de type somatosensoriel.
Voilà, la recherche me semble accélérer et entre Shore, les nouveaux AED, et les médicaments qui agissent modestement et à la périphérie, ont peut espérer une réharmonisation de l’équilibre cérébral des acouphéniens. Ajoutons à cela la relaxation et, espérons, les thérapies géniques. Ça avance, il me semble. Qu’en pensez-vous ?
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