Ire et réalité
Echoué il y a quelques heures sur la lettre à Zélie de François Gorin (Télérama n°2995 du 6 juin 2007), j’y ai lu comme un écho à mon précédent billet :
Je ne sais pas, Zélie, si tu as suivi l’expédition Tara. C’est une goélette prise exprès dans les glaces et qui a dérivé pendant huit mois vers le pôle Nord. A son bord, huit hommes et deux chiens. […] L’un des huit, Bruno Vienne, a filmé jour après jour ce périple-glissade déjà assez poétique en soi. Incrustée dans Thalassa, la séquence hélas trop courte nous en offrait des aperçus : un bateau ivre de silence et luisant dans la nuit parfaitement noire. […] Tout cela baignait dans un halo d’irréalité. C’était pourtant du documentaire strict, sans chasse au phoque ni tralala. Le lendemain soir j’en étais encore à me demander si, l’espace de ces plans fantômes, comme surgis d’une autre planète, ma télé ne s’était pas transformée en œuvre d’art. […]
Mais tu aurais dû voir l’étincelle quand, à propos des premiers Lumières, [Pialat] dit que c’est là , dans la captation du réel, que se trouve le vrai « fantastique ». Le grand Maurice aurait-il aimé les images de l’expédition Tara ?
La colère est toujours là .
Mais elle est plus diffuse.
Pour en savoir plus sur l’expédition Tara : http://www.taraexpeditions.org
Et si vous vous sentez en appétit de métaphores aquatiques, n’oubliez pas de jeter l’ancre sur le silence des bateaux vides.
(photo fantomatique de Tara Artic)
Réponses