Masters of Horror – Soundtrack, bande originale de l’horreur

Masters of Horror - Sounds like

Masters of horror, saison 2

Sounds Like – Soundtrack

Episode 4
Scénario : Brad Anderson
Réalisé par Brad Anderson
Avec Chris Bauer & Laura Margolis

Adaptation d’une nouvelle de Mike O’Driscoll

Synopsis :
Un homme ordinaire possède la faculté surnaturelle d’entendre le moindre murmure avec une qualité d’écoute surprenante. Un don qui deviendra rapidement un fardeau, et pour s’en débarrasser, le malheureux devra prendre de violentes mesures pour retrouver la quiétude.

Le trailer de cet épisode de la saison 2 de Masters of Horror “Sounds like” est à visionner ici.

Une critique enthousiasmante et enthousiasmée :

Beaucoup attendaient l’épisode de l’espoir Brad Anderson, moi entre autre, et autant le dire tout de suite “sounds like” est extraordinaire.
Comme dans “the machinist” ou “Session 9”, Brad Anderson s’intéresse à l’homme middle class qui pète les plombs. Ici Marty est superviseur dans une boite de télémarketing qui gère une hotline pour l’informatique, c’est à dire qu’il passe sa journée à écouter les autres dans son bureau/bocal surplombant le plateau du centre d’appel. Marty vit une phase difficile, sa femme et lui viennent de perdre leur enfant. Mais au delà de ses souffrances quotidiennes Marty a une ouïe extrasensible, il entend les moindres détails sonores, un mâchonnement de stylo, une conversation téléphonique lointaine, ce qu’on dit derrière son dos…. Mais Marty n’est pas un super-héros, ce qui s’apparente à un super pouvoir, pour lui est une torture continuelle, qui s’amplifie avec son malaise (porté par un fort sentiment de culpabilité) qui va aller en grandissant. Marty va péter les plombs !

“Sounds like” aurait pu être un simple exercice de style sur l’environnement sonore mais Brad Anderson le rattache à ses obsessions de cinéaste, le deuil, la culpabilité, la paranoïa, ces thèmes qui chez lui transforment l’homme sans histoire et heureux en meurtrier.
Porté par la performance étonnante de Chris Bauer (Frank Sobotka dans la saison 2 de “the wire”), “sounds like” flirte avec certains territoires lynchéens où le son se fait cauchemar, comme “Eraserhead” ou “Lost highway”, Brad Anderson lui pousse le concept sonore jusqu’au bout, en créant le son de la culpabilité ultime, la décomposition cadavérique. Ce son qui va poursuivre Marty jusqu’au bout même dans le silence.

En plus du travail sonore d’orfèvre, la mise en scène de Brad Anderson parfait cet épisode étonnant, sans s’éparpiller dans des artifices foireux (ce qui pouvait plomber “the machinist”), elle accompagne l’environnement sonore autant qu’elle le provoque. Bref une mise en scène chirurgicale et inventive qui fait de “sounds like” une expérience visuelle et sonore autant qu’un grand moment d’horreur et d’émotion.
Ceux qui cherchent du gore et des boyaux dans cet épisode seront peut-être déçus mais l’horreur sonore du quotidien devrait provoquer de belles montées d’adrénaline encore plus perturbantes.

(critique à lire ici – parmi celles d’autres épisodes de la série Masters of horror [lien supprimé car le site n’existe plus])

D’autres avis sur cet épisode de la saison 2 de Masters of Horror sont nettement moins positifs, par exemple :

Chris Bauer est un homme d’une petite quarantaine d’années qui surveille le call-center (le centre de la hotline quoi !) d’une grande entreprise d’informatique. Pour être précis, il surveille les conversations de ses collègues qui accueillent les clients en détresse avec leur ordinateur, et veille à ce que les dits appels suivent le protocole d’aide pré-établi, se passent dans des conditions de stress minimum pour le client, et dans un temps le plus court possible. Bauer est rigoureux, carré, attentif. Son travail c’est sa vie, surtout depuis la mort tragique de son fils, victime d’une anomalie cardiaque génétique. Notre héros a un handicap, ou un talent, beaucoup plus étonnant. Il fait de l’hyperacousie. En un mot, il a une ouïe d’une finesse extraordinaire. Une oreille trop pointue même, qui lui fait entendre chaque détail du paysage sonore avec un volume semblable à celui d’un Boeing en plein décollage !

La vie n’est donc pas facile pour Bauer qui, en plus, vit encore avec sa femme, grande dépressive, obsédée par l’idée de retomber une nouvelle fois enceinte et d’effacer le deuil. Une chose incompréhensible et impossible pour Bauer… Peu à peu, son handicap grandit, et ses facultés auditives augmentent encore, jusqu’à ce que sa vie bascule lentement…

Et bien ce n’est pas souvent que ça arrive, mais malgré les quelques heures qui me séparent de la vision du film de Brad Anderson, je suis assez embêté pour vous en parler. C’est un réel paradoxe, pas épatant du tout, là où d’habitude, et vous vous en êtes déjà rendus compte, ma mémoire récente d’un film vu, aussi moyen soit-il, provoque chez moi des articles conséquents avec moult détails et emberlificotures baroquissimes. Voilà ce que je peux dire, néanmoins…

Le sujet du film, s’il respecte complètement le cahier des charges (principe de base loufoque, flash-back incessants et lourd passé) de plus en plus voyant dans la série, soit dit en passant, est très intéressant et assez original. Le fait de faire porter le fantastique sur le son est quelque chose d’assez attirant. Le contexte du call-center, en plus, avec ses petits pointes sociales (pression libérale au travail, cruauté du management en ressources humaines, le travail comme lieu du moule et du formatage, harcèlement, etc.) est également un atout. On retrouve également un bon soin général, ce qui était déjà le cas avec la saison 1. Il y a un peu de moyens, et en général c’est quand même éclairé assez luxueusement. Même si ici, hormis les derniers plans, rien de fabuleusement et d’incontournablement beau n’ait lieu dans la photo ! C’est du travail correct.

La première remarque sera relative aux défauts des qualités de ce SOUNDS LIKE. Le film repose sur un handicap et sur une obsession. De fait, la “maladie” du héros, présentée assez franco de port dès le début du film, délimite assez sérieusement le terrain autour d’une vraie répétition. Où que Bauer aille, c’est la même chose. Dans la mise en scène, ça suit : on entend un bruit étrange, et Bauer tourne la tête, tandis que Brad Anderson change le point d
e la caméra pour mettre au net l’objet incriminé, soit décadre pour montrer cet objet. C’est très systématique, et au bout de 10/15 minutes, on se dit que la chose n’est ni stressante ni effrayante. Sans plus en tout cas. Au bout de 30 minutes, on se demande vraiment si tout cela, ce systématisme, je veux dire, ne va pas être insupportable à la longue, d’autant plus que cette histoire de deuil (du moins en apparence) est assez identifiable et se base sur un socle assez simple qui devrait permettre de faire passer le traitement en avant.

Ici et là, il y a bien quelques bonnes trouvailles scénaristiques, comme le flash-back sur la découverte de la maladie du fils, point névralgique de l’histoire, source de tout. On attend l’arrêt de la vie comme révélateur, mais non, c’est justement le début de la maladie qui “sonne” le glas. Pas mal. D’autant plus que du coup, ce décalage (le père retient encore plus le fait d’avoir entendu la maladie du fils, plus que la mort du fils) place le père dans une logique quasiment de fiction. Et comme ce qui sous-tend le film, ce sont quand même les relations sociales, et donc les relations familiales et leurs non-dits, la construction par les personnages d’un univers possiblement fictionnel (et dont peut-être la réalité ne peut être vue objectivement) fonctionnent mais à rebours, par la bande pour ainsi dire. Car du côté de la mise en scène, c’est quand même la répétition la plus extrême qui l’emporte. Pour une fois, on se dit que le scénario a heureusement une longueur d’avance sur la réalisation ! Bien.

L’ennui pointe quand même son nez. On est déçu, assez inconsciemment, par le fait qu’un sujet aussi sensuel soit aussi peu impliquant à la voyure ! Nous voilà bien extérieurs au film. Et c’est peut-être tout bêtement parce que, malgré le propos, justement, Anderson a choisi un traitement d’apparence classique, très classique même, froid en quelque sorte. On est loin par exemple d’une ambiance de cauchemar sans fin comme le furent les épisodes de John Carpenter ou Dario Argento, l’année dernière. Ici, curieusement donc, le spectateur que je suis est plus mis à distance.

Un deuxième facteur vient semer le trouble. Globalement, la mise en scène est quand même beaucoup plus anonyme que celle de THE MACHINIST, le long-métrage par lequel j’avais découvert Anderson. Sur certains points même, je la trouve vraiment moyenne. L’échelle de plans fait beaucoup trop appel aux plans rapprochés et aux gros plans, d’une part, et ces derniers très souvent sont assez mal cadrés ! Ça et l’impression diffuse d’ennui, voilà qui donne à SOUNDS LIKE un côté un peu amer. On est assez loin de l’originalité qu’on pouvait attendre de Brad Anderson.

Malgré tout, le scénario, s’il continue de suivre un développement classique, avec sa chute lente et inéluctable, s’ouvre petit à petit, et l’aspect social justement, remonte cruellement à la surface. Les relations avec le jeune collègue de Bauer, l’amplification progressive du volume du mixage, et la fatigue de la répétition de l’effet allié à des détournements inédits de l’effet (enfin !), commencent à faire leur travail de sape. De plus en plus de bonnes idées sur le papier arrivent, comme le fait de répéter une image plusieurs fois en changeant sa connotation (le mobile sur la boîte à lettres, d’abord ironique puis morbide). Cette image du mobile (un bûcheron qui scie du bois) sert de repère : c’est la répétition qui est insupportable, et elle nous enferme dans un éternel présent. Grâce à elle, on s’aperçoit que les thématiques sociales du film n’étaient pas si grossières que ça, et là aussi montrées de façon tellement franco de port, tellement “dans le cahier des charges”, que l’effet escompté était peut-être le contraire : tisser une toile socialement violente mais que l’on percevra comme banale. Puis, au moment où le film s’enfonce dans l’horreur, très classique donc, le jeu est de faire ressortir, par son absence, une fois qu’elle a laissé la place à l’horreur justement, cette pression sociale insupportable. On retient finalement que c’est le grain de sable, ici un simple handicap auditif, qui fait basculer la vie, plus que le deuil impossible lui-même. Et ce petit grain de sable va détruire tout ce qui nous attache à la réalité. La fiction morbide construite par Bauer lui-même n’est pas loin. L’horreur se révèle donc, et on est pris à rebrousse-poil, de manière assez intellectuelle.

Peut-être également que Anderson nous a surpris aussi par la mise en scène en envisageant un dispositif moins ouvertement original que son dernier long métrage. Les trois plans marquants de la fin sont très caractérisés, mais finalement paraissent quasiment gonflés. Le contrechamp final est même assez osé. On se dit que finalement, Anderson n’a pas totalement respecté, et heureusement, le devis : le film est froid, assez lent, pas sympathique pour un sous, l’imagerie “imaginaire” est assez lourdingue et donc pas agréable non plus, l’humour est présent mais glacé (il concerne tout le social encore une fois), et le film est loin de se clore sur un retournement et encore moins sur une chute. On note que le film n’est quasiment pas gore non plus, ce qui est assez étonnant. L’interprétation est très correcte et le sujet intéressant. Il est donc difficile de dire, en ce qui me concerne, la part de déception et la part étrange de ce film qui se construit sur sa non-amabilité. Je vous laisse juges. Mais en tout cas, même si le dispositif n’est pas utilisé n’importe comment, c’est encore peut-être sur la moyenne des petites fautes esthétiques ou des petits plans sans conséquence que SOUNDS LIKE laisse quand même une impression de trop peu. Le débat est ouvert.

(critique issue du site Matière focale [lien supprimé car le site n’existe plus])

Pire encore ici [lien supprimé car le site n’existe plus] :

Un épisode chiantissime et inintéressant, dans lequel on suit les déambulations d’un homme souffrant d’hyperacousie. Alors déjà le postulat de départ est assez peu crédible, puisqu’il semblerait que personne autour de lui ne soit au courant, qu’il a vécu sa vie comme ça. Un peu léger. Sinon, il ne se passe vraiment pas grand chose, on s’ennuie ferme et l’interprétation n’a rien de prodigieuse.

Il ne me reste qu’à me faire mon propre avis… et à vous d’en faire autant ! 😉

Merci à Vador pour cette trouvaille.

Plus d’infos sur Masters of Horror, Sounds like et autres épisodes.

Articles liés

Réponses