… Wunderbar et yaourt à la cerise…
Fin 2004, alors que je travaillais encore chez Wunderbar, une célèbre agence de communication de la place parisienne, je me réveillais un lundi serti d’une épouvantable migraine, mitonnée à la nuit blanche.
Et chacun de se raconter le sourire en coin son petit week-end en Amoureux, son ciné hebdomadaire ou son émission de divertissement du samedi soir « absolument débile mais qu’il faut avoir vue tellement elle est drôle ».
Le petit père Laurent, lui, a empilé les secondes de souffrance, craignant de voir ses murs à tout instant définitivement s’effondrer. Il s’est battu. Il a résisté. Il a survécu.
Une fois encore.
Mais Laurent a un défaut. Il est naïf. Et ne comprend pas qu’on attende de lui un rôle de composition alors qu’il n’est que folle machinerie, faciès cadavérique et cernes de jais.
Lorsque sa supérieure (appelons-la Monique Tralala ou Dominique Laleu) le convoque sèchement dans son bureau à l’issue d’une réunion interne, en exigeant de lui qu’il justifie son air sinistre (« tellement agressif pour les gens qui l’entourent »), il reste coi. Ne lui a-t-il pas déjà à maintes reprises détaillé ses souffrances ? Ne sait-elle pas qu’il dort moins en une semaine qu’elle en un dimanche ? A-t-il seulement une fois tenté de s’abriter derrière la dépression qui le ronge, afin de justifier une éventuelle insuffisance professionnelle ? Il connaît par trop son handicap (temporaire ?), a toujours joué franc-jeu et appelé un chat un chat.
Evidemment, elle sait tout ça.
Et sa réponse fuse, insultante de vulgarité : « on a tous nos problèmes, Laurent. »
Seule une reconnaissance sociale de nos maux pourrait permettre d’éviter que ce genre de situation ne se reproduise à l’avenir.
Grace à l’hyperacousie,on découvre cependant le véritable visage des gens et on se rend compte qu’ona quelque part vécu dans un monde d’illusions avec des faux-semblants.