Patrick Sébastien (le plus grand cabaret du Monde) a des acouphènes

Patrick Sébastien

Spectacle et émotion garantis, pour petits et grands !

Patrick Sébastien, pince-sans-rire

Lors d’une émission récente, j’ai entendu un homme parler de l’impossibilité de se remettre de la mort d’un enfant. Il dit alors : “On ne s’habitue pas, on vit avec.” Et le présentateur, Patrick Sébastien, d’ajouter, sans rire : “Oui, c’est comme les acouphènes.” J’avoue que la comparaison m’a laissée pantoise.

Nicole CHOLEWSKA, Charenton-le-pont, dans le courrier des lecteurs du Télérama du 5 août 2009 (actuellement dans les kiosques)

Mais qu’a donc voulu nous dire cette brave Nicole ?

Pantoise elle était, cherchons donc de ce côté.

Peut-être un premier indice ? En 1546, déjà, Rabelais nous parlait d’un couillon pantois (Rabelais, Tiers Livre, XXVIII, éd. Screech, p.199).

Creusons un peu plus loin.

Une première définition : est pantois celui qui respire avec difficulté.

Synonyme : pantelant. Nicole respirerait-elle avec difficulté devant une émission de Patrick Sébastien ? Hypothèse tout à fait plausible tant je me souviens de l’effet que la simple vue du grand bonhomme en mousse produit sur moi. N’étant pas de nature à m’infliger, en pleine conscience, de telles souffrances, un tel incident n’a dû se produire qu’une dizaine de fois, grand maximum, durant ce millénaires.

Ainsi donc, Nicole serait masochiste, ie qu’elle chercherait le plaisir dans la douleur ?

Peut-être.

Peut-être pas.

Et n’oublions pas que cette acception est quelque peu désuète… or un lecteur de Télérama, qui plus est lorsqu’il prend plume et papier plutôt que clavier et modem pour s’adresser à son journal, ne peut pas avoir dix trains Corail de retard.

Hypothèse écartée, regardons ailleurs.

Une deuxième définition s’offre à nous : est pantois celui qui est décontenancé par la surprise, l’émotion.

Synonymes : ahuri, déconcerté, interdit, stupéfait.

Un bel exemple d’emploi de pantois :

Je me dressais sur mon séant. Ma bougie à ce moment s’éteignit : je demeurai, dans le noir, tout pantois.

A. Gide, Isabelle

Petite précision amusante : le féminin, le “pantoise” dont nous affuble Nicole de Charenton-le-pont, est (fort) peu usité.

En fait, Nicole, avoue : tu te dis que pour sortir de telles âneries ce cher Patrick ne sait forcément pas de quoi il parle. Allons donc ! S’il devait se remettre de la mort d’un enfant, ce que tu ne lui souhaites bien évidemment pas, cela le ferait réfléchir et il réaliserait à quel point son propos sur les acouphènes était stupide !

Mais un instant, Nicole Cholewska… Si on te prouvait que le malheureux tourneur de serviettes a vécu un tel événement tragique ? Hé oui, il se trouve que Patrick Sébastien sait on ne peut mieux ce qu’est la perte d’un enfant puisque l’on peut lire dans sa biographie Wikipédia qu’en 1990 il vit un grand drame personnel dont il se remet avec difficulté : son fils Sébastien se tue à 19 ans dans un accident de moto.

Nicole, Nicole, je ne peux pas croire que tu ignores cela, pas toi, certainement pas toi.

Alors quoi, Nicole, tu as voulu faire de la provoc ? Une poussée acnéique tardive t’aurait-elle traînée, en pleine nuit, vers le tiroir de ton bureau duquel tu as fébrilement extirpé, pantoise, un bloc de papier et une plume affûtée ? Je vois d’ici la scène. Tel un Cali, un Saez ou un de leurs rejetons lobotomisés, aurais-tu voulu hurler à la face du monde que celui-ci n’était plus bleu comme une orange mais rond comme un ballon et jaune comme un citron ?

Nicole, Nicole… Tu as éteint la lumière, tu nous as montré ton côté sombre. C’est bien. Il est temps maintenant de chercher un peu de lumière… Nicole, rallume ta bougie : la vérité est sans doute ailleurs mais je suis certain qu’avec un peu d’application et de bonne volonté elle se tient à ta portée.

Les acouphènes c’est comme la perte d’un enfant : on ne s’habitue pas, on vit avec ?

Nicole, open your mind again… Imagine un instant que Patrick Sébastien entende un sifflement de ce genre, en permanence, dans ses oreilles. Bon, OK, c’est un spot allemand : tu serais bien capable – ne nie pas, Nicole, ne nie pas ! – de me parler des Germains et de ce qu’ils ont fait à un pays qui t’est cher et qui a effectivement pris cher au tournant des années 40. Mais, je t’arrête tout de suite, coquinette : sache que les éleveurs de tulipes y sont allés aussi de leur spot. Les Rosbifs itou. Les Ricains aussi. Et même nous autres les François !

Imagine Nicole, imagine… Imagine all the people hearing this… all the time…

Si ça se trouve, le Patrick Sébastien, il a des acouphènes en plus d’avoir perdu un gamin, tu sais ?

Tu me diras, si on suit ta “logique”, la perte de son fiston n’a pas dû lui causer beaucoup de chagrin j’imagine… Là, je te le concède, je n’ai pas la prétention de le savoir. Toi non plus j’espère, hein, Nicole ?

Patrick Sébastien accouche la ménagère Tanguy*

Ainsi donc, Nicole Cholewska m’a prouvé en quelques lignes, par une fraîche et humide soirée d’été dans la capitale désertée, que Patrick Sébastien pouvait réaliser ce dont je le pensais incapable : faire réfléchir les gens. Ô, pas tous, de toute évidence ! Mais à l’impossible nul n’est tenu comme disait peut-être la grand-mère de Nicole lorsqu’elle se caressait la moustache sur son balcon, humant ses géraniums dans la douce brise du printemps.

Pas tous, non, mais quelques-uns. Ce qui peut finalement justifier sa présence sur une chaîne du service public – mon Dieu, Nicole, je n’aurais jamais cru écrire de tels mots un jour à son sujet, tu me fais faire de ces trucs…

Allez, j’aurai un peu moins mal à l’estomac au moment de payer ma prochaine redevance.

Alors Nicole, rien que pour ça, je te dis MERCI !

Parce que tu le vaux bien.

(* : expression bien connue de mes confrères professionnels de la pub… mais dont toi, ami lecteur, devrait pouvoir deviner le sens sans trop d’effort 😉 )

PS :

  • Si ça s’ trouve, c’t’histoire d’acouphènes et de Patrick Sébastien, c’est juste une façon honteusement brillante qu’a trouvé Nicole pour nous rappeler que le GO de France Télévision avait soutenu François Bayrou lors de l’élection présidentielle de 2007…
  • Si ça s’trouve aussi, Nicole Cholewska, c’est la vraie, la grande, l’unique, celle qui fait partie de l’Institut national de la langue française au CNRS ! Celle qui est l’auteur d’un rapport sur une question ô combien cruciale : la féminisation des appellations [lien supprimé car le PDF n’est plus disponible] :

Directrice de recherche, enseignante-chercheuse, maîtresse de conférences ou professeure, les appellations ne sont pas toujours évidentes à trouver ; heureusement [sic !], il existe des rapports sur la question, et notamment, «Femme,
j’écris ton nom», guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions» [euh… lol ?] d’Annie Becquer, Bernard Cerquiglini, Nicole Cholewska (CNRS, Institut national de la langue française) Paris, La Documentation française, 1999; 124 pages

On nous dit même que pour chercher le féminin d’un mot apparemment masculin, un moteur de recherche en ligne existe : http://zeus.inalf.fr/gsouvay/scripts/feminin.exe

Je ne sais pas pour vous mais pour ma part, depuis quinze ans que je surfe on the web – oui, je suis vieux -, on m’a toujours appris à me méfier des contenus provenant de sources en lesquelles je n’avais pas confiance. Tant pis donc pour ce .exe mais si un fou – ou une folle, le féminin est (très) usité – l’ose, qu’il n’hésite pas à commenter ici même cette application transgressive : si ça s’trouve, Nicole Cholewska est un génie.

Une génie, pardon.

Et sans frotter.

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Mise à jour du 13 août 2009 :

Grâce au forum de France-Acouphènes, je dispose d’une bonne partie de la réponse.

Il semble que ce n’est pas Patrick Sébastien lui-même qui a les oreilles qui sifflent et bourdonnent : c’est en fait sa mère qui souffrait d’acouphènes invalidants depuis une dizaine d’années, consécutifs à une grave maladie. Il s’agirait de la maladie de Vaquez, qui l’a emportée en novembre 2008.

Celle-ci est une polyglobulie – trop de globules rouges -, ce qui signifie sang “trop épais”… et donc acouphènes, car l’on sait qu’un problème de circulation sanguine au niveau des oreilles a bien souvent de telles conséquences.

Comme le souligne Hortens, administrateur de France-Acouphènes et modérateur du forum, Patrick Sébastien est donc parfaitement placé pour parler des douleurs acouphéniques, ayant pu constater cette souffrance supplémentaire chez sa mère.

La précision me semblait nécessaire, c’est désormais chose faite.

Je vous rends l’antenne. A vous les studios, à vous Nicole !

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Mise à jour du 1er avril 2010 :

Patrick Sébastien acouphènes
Patrick Sébastien a des acouphènes. Peut-être à cause d’un abus de Fiesta ?

Patrick Sébastien souffre d’acouphènes

Il en a parlé samedi soir dans l’émission de Laurent Ruquier sur France 2, “On n’est pas couché” (cf à la fin de l’extrait) :

[extrait supprimé car il n’est plus disponible]

Retranscription du passage dans lequel Patrick Sébastien parle de ses acouphènes

Laurent Ruquier : Ca je savais pas, vous souffrez vraiment d’acouphènes ?
Patrick Sébastien : Oui et très bizarrement les acouphènes ont disparu pendant l’écriture. J’ai souffert de gros acouphènes il y a longtemps. C’est infernal un acouphène. C’est une des maladies les pires parce qu’il n’y a pas de remède. Moi je m’en fous des douleurs.
Laurent Ruquier : Robert Lamoureux en souffrait.
Patrick Sébastien : Oui c’est un truc où tu n’as pas de remède. Et donc il faut s’inventer quelque chose. Je me suis inventé un petit grillon qui balayait les idées noires. Et j’ai fait avec. Et c’est vrai que pendant la lecture du bouquin, il est parti. C’est la force du mental mais j’ai rien inventé. La force du mental sur le physique est colossale.

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Réponses

  1. C’est très laid de se moquer d’une lectrice lambda de Télérama qui a envoyé un mail audit journal pour lui faire part de son étonnement en entendant une phrase qui lui a semblé incongrue lors d’un zapping, laquelle lectrice a également eu une maman (certes très dure à la douleur) atteinte d’acouphènes … Mais bon, je compatis quand même à votre douleur qui vous fait m’allumer avec compulsion, emphase et amertume, et vous salue, accrochée à mon balai de ménagère de plus de cinquante ans. Tss! tss! Nicole (je nie sans bouillir…)
    Ps : ma grand’mère, je vous le concède, avait des geraniums, mais pas de moustache, non mais, malotru!