Sartre, l’enfer c’est les autres : explication

Jean-Paul Sartre, droit dans le mur
11 mai 2003
Dimanche. Réveillé tard. Anniversaire. Vingt-six ans ce jour. Arraché de mon sommeil. Violent sifflement. Douleur insensée. Yeux au plafond. Secoué de spasmes. Terreur.
Je mets quelques instants à réaliser que tout ceci ne vient pas de chez les voisins et leur excentrique propension à perturber le calme du quartier, ni des travaux qui ont repris dans une rue proche.
Non.
Tout ceci est bien en moi. Dans mon crâne. Rivé. Mes oreilles sont pleinement bouchées, comme elles peuvent l’être parfois lors d’une plongée en apnée ou d’un voyage en avion.
Erreur.
Aucun rapport en fait.
Mes oreilles ont foré. Loin à l’intérieur de mon crâne. Et elles ont encore faim. Elles crient, elles hurlent, elles vocifèrent. Déchaînées. « Pourquoi nous avoir infligé ceci ? C’est ainsi que tu nous remercies ? Après tant d’années de vie commune et de bonheur partagé ? » Ma tête est en flammes. Un feu de forêt à domicile. Aux premières loges. Tout brûle.
L’enfer, ce n’est pas les autres, non. L’enfer, c’est chacun de nous.
La lutte se poursuit tout le jour. Une seule idée me permet de tenir : tout ceci ne peut qu’être dû au Trivastal. L’effet est certes dévastateur mais il sera transitoire. Au pire cela durera le temps du traitement. Un mois. Cela ne peut pas être autrement. Un mois. Autant dire une éternité dans cet état. Mais si d’autres pages sont à écrire après l’éternité, je veux y être. Je veux en être.
Tenir.
RĂ©sister.
De toute façon, ai-je le choix ?
Prescrire uniquement des vasodilateurs à un traumatisé sonore est une erreur grossière:ton histoire le prouve,cher randy.