Le temps des sirènes
Dimanche 18 mai 2003
Encore très peu dormi. Réveillé plusieurs fois. Mais le principal est que la possibilité de vivre s’offre de nouveau à moi.
Je souffre d’avoir trop aimé la musique, et comme pour toute passion l’excès est un danger. J’ai cru que Paris avait fini par m’aimer et qu’elle me prenait dans ses bras. J’ai cru que nous nous aimions dans ses plus beaux recoins, au mépris du temps et des saisons. Je n’avais pas compris qu’elle avait voulu m’étouffer, m’engloutir. Me dévorer.
Demain matin j’ai rendez-vous avec un autre ORL à l’hôpital Pompidou auquel appartient, si j’en crois mes informations, l’un des services les plus performants de France dans le domaine des acouphènes.
Demain j’espère avoir de bonnes nouvelles.
Demain s’ouvre un nouveau chapitre.
Happy end attendu.
Les sirènes, trois divinitĂ©s marines au cops de requin et au buste de femme, attendent maintenant l’ « Argo » : leur atroce voix fait se jeter les hommes Ă la mer. Quel plaisir alors pour elles de les dĂ©vorer en ne laissant que les os ! OrphĂ©e en vient Ă bout en se mettant lui-mĂŞme Ă chanter et il chante si bien qu’elles en ont le bec clouĂ© et se mettent tout simplement Ă gambader derrière le navire comme de gentils dauphins.
Malheureusement je ne pouvais chanter pour repousser Paris et dompter sa violence… La douleur irradiait au simple énoncé de quelques mots : je ne supportais plus ma propre voix.
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