Le cinéma sonore a surtout inventé le silence

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Le cinéma sonore a surtout inventé le silence.

C’est sur cette célèbre phrase de Robert Bresson que s’est ouverte ce soir la projection de l’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville, à la Cinémathèque française. Si l’on peut regretter, pour les quelques personnes présentes dans la salle qui n’avaient pas encore vu ce chef-d’œuvre, que Christine Albanel n’ait pu s’empêcher durant son discours de dévoiler le fin mot de l’Histoire, c’est avec un infini plaisir que j’ai pu redécouvrir ce classique de Melville, cinéaste que j’affectionne tout particulièrement pour sa gestion des creux et déliés – sur grand écran et magnifiquement restauré pour l’occasion.

Le tout en compagnie d’une jeune femme délicieuse. Pas le genre girl next door, non. Plutôt le style Trop belle pour toi. Fine, subtile et délicate. Râleuse aussi, quand elle ne manqua pas de me faire remarquer le quart d’heure de retard que je venais de commettre – accroc ô combien impardonnable – à notre rendez-vous.

Un film empli d’air, d’atmosphère… et de silence. Ce qui aurait été tout bonnement insupportable à l’aube de mon Cauchemar, en 2003. Et probablement encore il y a quelques mois.

Si je n’ai pu totalement me soustraire à ces sifflements qui occupent mon espace en mon temps, c’est avec volonté que je me suis replongé, inlassablement, dans le bain bouillonnant de ce combat pour la Cause de Ventura, Signoret et consorts. Jetant même un œil attendri sur ma compagne d’un soir lorsque celle-ci ne voyait d’autre issue que de se voiler la face, quand à l’écran surgissait le visage tuméfié d’une victime de la Gestapo.

Merci à toi, Jean-Pierre, pour ces instants de bonheur pelliculé. Et à toi, Caroline, pour cette invitation à l’Ailleurs.

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