This is the end

This is the end

Simon éprouva quelques difficultés à se remettre au travail. Il se retrouvait dans une espèce de torpeur paralysante contre laquelle il se sentait impuissant. Tout s’était ralenti chez lui, sa tête autant que son corps. Non seulement ses forces vives avaient été sapées, traumatisées par les trois quarts d’heure passées dans la salle de radiographie, mais sa créativité s’en ressentait et il s’en voulait, aux derniers jours de tournage, de ne pouvoir communiquer à son équipe un enthousiasme qu’il ne connaissait plus : il aurait voulu faire semblant, faire illusion, jouer les metteurs en scène inspirés ; mais il n’avait plus de résistance et, surtout, rien, pas même son métier, ne l’intéressait plus. Il ne luttait pas, se laissait submerger par le sifflement de bouilloire, ne pensait qu’à ça, s’y perdait sans espoir de rémission. Il n’était pas loin de penser que sa vie était finie, parce qu’il se doutait bien que cet acouphène était là pour rester.

Michel Tremblay, L’homme qui entendait siffler une bouilloire

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