L’euthanasie, tumeur morale de la société ?

euthanasie

L’euthanasie est devenue une tumeur morale de la société, il faut la détruire.

C’est en ces termes que Marc-Édouard Nabe aborde la récente mort de Chantal Sébire, ou plutôt les semaines qui l’ont précédée, dans un article intitulé “le ridicule tue” [PDF – lien supprimé car le contenu n’est plus disponible].

En tant que libéral (une “crapule hypocritement libérale”, peut-être, aux yeux de Marc-Édouard Nabe), au sens originel du terme, je répugne à toute intervention de l’État dans le domaine de la vie privée.

Et rejoindrait en ce sens la position de l’auteur.

Cependant, il me semble que l’action de Chantal Sébire a eu un grand mérite :

Mettre en avant la souffrance comme élément central de la maladie

Pour mes plus jeunes lecteurs – ou les plus ignorants- il n’est en effet sans doute pas inutile de rappeler à quel point la réelle prise en compte de la douleur est récente dans nos démocraties occidentales.

Une vingtaine d’années tout au plus.

Et aujourd’hui encore, tant que le “diagnostic vital“, selon la nauséabonde formule consacrée, n’est pas en jeu, il n’est pas rare de tomber sur des médecins qui vous balaient d’un revers de la main.

J’en ai fait moi-même l’expérience plus d’une fois et me souviens, amer, de ce généraliste qui me disait ainsi que la prévention autour des traumatismes auditifs était inutile pour deux raisons :

  • tout le monde est au courant des dangers,
  • et… ça n’a jamais tué personne.

Du moins pas directement. Pour être honnête, je me dois de reprendre ici sa formule : “les acouphènes ne sont pas une cause de mort directe”.

Contrairement au tabac par exemple, c’est pourquoi selon lui le gouvernement se doit d’investir toujours plus dans la lutte anti-tabac. Et ce tant que le nombre de morts (cause de mort directe ?) n’aura pas atteint zéro.

Ah, il avait beau jeu ce minable médecin de parler à mots couverts de droit au suicide ! J’avais fait une connerie, selon lui en pleine conscience, et je ne parvenais pas à supporter ce qui en résultait ? Et bien soit, j’avais toujours cette liberté d’en finir ! Alors que, selon ses dires, s’il y a encore tant de fumeurs, c’est bien que ces gens ne savent pas ! Car sinon, ils auraient vite fait d’arrêter !

Car fumer tue, enfin !

Si je rechope ce docteur imbécile, je l’inviterai gentiment à visionner l’épisode “Stop Clopes” (alias “Butt Out” en VO) de la série South Park. Peut-être que cela l’aidera à réfléchir.

Il ne faut jamais désespérer des cons.

Nabe, provocation plus que réflexion

Mais revenons à ce papier de Nabe.

Je ne peux rejoindre totalemement sa position lorsqu’il affirme par ailleurs que quand on souffre trop, il n’y a que deux façons de mourir : ou bien attendre la mort naturelle (quels que soient le temps et les souffrances que ça prendra) ou bien se supprimer.

C’est oublier un peu vite en effet qu’il n’est pas toujours possible pour l’intéressé de se supprimer. Comment le faire lorsque l’on se trouve, pour prendre un récent cas célèbre, dans l’état de Vincent Humbert ? Et justement, si l’on admet que mettre fin soi-même à ses jours n’est pas toujours possible, doit-on en conclure à une sorte de double peine ? Sur le mode : tu es un cas extrême, t’as vraiment pas de bol, souffre donc atrocement pendant les quelques années ou dizaines d’années que ton corps t’accordera.

Je suis agnostique – ou athée, selon la météo. Me suicider ne me poserait pas conséquent aucun problème d’ordre “religieux”. Mais tel n’est pas le cas de tout le monde et, surtout, ce choix n’est pas toujours possible.

Rien que pour cette raison, le débat doit exister.

Mais je salue une fois encore ces personnes qui ne suivent pas le courant bien-pensant droitdelhommiste altermondialiste et antiraciste (ne devrions-nous pas d’ailleurs employer, en lieu et place d'”antiraciste”, le terme “alterraciste”, tant il définit mieux leur position – “du racisme, mais autrement” ?) et qui osent aborder des sujets sensibles sous des angles parfois douloureux.

Libéral je suis, disais-je.

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