Botox : record battu

“C’est phénoménal !”
“Vous battez tous les records !”

C’est sur ces mots que l’ORL et le neurologue, que j’ai déjà rencontrés par deux fois pour des injections de Botox visant à réduire les épouvantables douleurs qui font mon quotidien depuis près de cinq ans, m’accueillent, mon dossier à la main. Pour être tout à fait exact, ils m’avaient confié à l’époque avoir déjà croisé quelques cas légèrement plus sérieux que le mien, mais ils se comptaient sur les doigts de la main…

Je pouvais être “fier” de mes scores !

– Comment vous sentez-vous ?
– Hé bien, globalement, j’ai l’impression d’un léger mieux côté douleurs, mais j’ai encore bien mal… et certains jours c’est encore intenable. Il y a une semaine, par exemple, j’ai connu une journée entière où j’en aurais pleuré…
– Vous serrez toujours les dents ?
– J’imagine, oui. J’ai mal, souvent très mal, donc je serre le dents. Probablement surtout la nuit, d’ailleurs, mais je n’arrive pas à garder la gouttière dans mon sommeil, alors…
– Et pour les sifflements ?
– Là je dirais que dans le silence je ne constate pas de différence, mais que dans un calme relatif il me semble que les acouphènes sont un peu moins au premier plan.
– Bon, on va d’abord voir ce que donnent les muscles qu’on avait injectés les fois précédentes.

Aussitôt dit, aussitôt fait.

Verdict de la première paire, qui a été traitée deux fois :
– Vous êtes à environ 1,5 mV, soit un peu plus que la norme : on ne procède pas à une nouvelle injection.

OK, ça me va. Deuxième paire, maintenant. Là je partais de très haut…
– Joli progrès… 4mV à droite, 2mV à gauche. Une petite injection pour se rapprocher encore de la norme…

OK OK mais j’ai encore très mal…

– Vous m’aviez parlé d’une éventuelle troisième paire de muscles à traiter…
– Vous avez mal au niveau des tempes ?
– Pas spécialement non. C’est surtout plus bas. Mais pouvez-vous vérifier tout de même, car je sens bien que quelque chose ne va pas du tout.
– Allons-y.

Et ça n’a pas raté…

– 7mV à droite… 6mV à gauche, mais “très riche”.
– C’est-à-dire ?
– Ça veut dire que l’activité est fortement anormale. Considérez qu’elle est de 7mV de chaque côté. Environ sept fois la norme. Là encore, c’est beaucoup ! Vous ne faites pas les choses à moitié Monsieur !

Certes.

– Vous me rappelez dans un mois / un mois et demi pour me donner des nouvelles ? Quoi qu’il en soit, nous ne ferons pas de nouvelle injection avant six mois. Il faut laisser du temps au temps… D’ici là, essayez de vous relaxer un maximum. Vous avez essayé le yoga ?
– Euh… sincèrement… Je n’en ai pas franchement l’intention.
– Je comprends. Mais ça pourrait vous aider. En tout cas, évitez au maximum toute forme de stress. C’est la seule façon pour vous d’arriver à vous rapprocher des valeurs normales et, partant, de moins souffrir. Quant aux acouphènes… Je ne peux rien vous promettre. Personne ne sait vraiment comment ça fonctionne et puis, il y a une certaine inertie. Ca peut prendre un bon moment avant de s’atténuer.
– Mais, Docteur, dîtes-moi… On ne va pas se voir pendant dix ans, sur le mode “aujourd’hui, traitement de la 427ème paire de muscles” ?

Sourire du médecin.

– Des muscles, il y en a beaucoup vous savez… Mais il s’agit vraiment des trois paires de muscles principales. Une fois celles-ci revenues à une activité proche de la normale, on peut penser que les autres suivront le mouvement, vers un nouvel équilibre.
– Docteurs, tout ce que je souhaite, c’est vous dresser une statue à tous les deux, pour vous remercier de m’avoir rendu la vie…

D’ici à ce que ça se produise, j’ai le temps de me procurer “construire une statue pour les Nuls”. Et de l’apprendre par cœur.

A condition d’être toujours en vie… 😉

(Randy Marsh, bientôt dans le Guinness Book)