Efferalgan
Paris, mercredi soir. Jeudi noir avant l’heure. Fraîcheur et rues désertes.
Dieu que j’ai mal au crâne.
Pigalle, passage obligé. Touristes amoureux de criarde laideur et néons graveleux.
Ce soir j’ai rendez-vous au Divan du monde. Ce soir est mon soir : Paris a renvoyé ses colons dans leurs fondements et, si elle n’en est pas moins vulgaire, le fardeau s’en trouve un brin allégé.
Efterklang est au programme des réjouissances.
Ca claque, ça vibre, ça clinque.
Quelques secondes et la grande blonde devient une Minnie sans coiffe. Se rendant visiblement compte que la déflagration attendue ne viendra pas ce soir, elle réserve rapidement le même sort aux petits bouchons jaunes.
Fin du morceau. Acte deux.
– Ce soir nous avons accordé une attention particulière à notre tenue, s’exclame l’escogriffe. Vous voyez là, au fond de la salle ? Ces chiffres qui restent autour de 99 ? Hé bien vu qu’on peut pas aller plus loin, on a décidé de compenser par la garde-robe. Apparemment vous vous amusez quand même, s’étonne-t-il. Tant mieux. Mais vous, vous avez le droit de faire tout le bruit que vous voulez alors ne vous gênez pas ! Avec un peu de chance, les voisins se joindront à la fête.
Applaudissements vifs du maigre public.
Sur la dizaine de membres du “collectif” – comme il est de bon ton de dire depuis quelques années – présent sur scène, une bonne moitié arbore des protections peu variées.
Quelques minutes plus tard seul le batteur fait de la résistance.
La route est droite mais la pente est raide, comme dirait notre regretté (ou pas) ex-spécialiste en Communication.
Dieu que j’ai mal au crâne.
Les touristes ne comprendront jamais.