Mettez vos oreilles en vacances !
Un article très intéressant paru dans feu thf.fr (le magazine internet du son de très haute fidélité). Un des meilleurs que j’ai pu lire sur le sujet, assurément, je vous laisse en juger :
Peut-être que le vrai repos, celui du citadin après une année de tensions quotidiennes, est d’abord celui de ses oreilles. Nous baignons en permanence dans un bruit de fond que nous essayons d’oublier mentalement mais que nos oreilles doivent supporter.
Tous les dix décibels notre sensation du niveau sonore double.
Empruntez un sonomètre, vous aller pouvoir rapidement faire la différence entre des sons et du bruit.
Fenêtre ouverte en pleine nuit, été oblige, un rossignol a élu domicile dans un arbre à proximité. Il est accompagné en basse continue par les grenouilles et crapauds de la mare voisine, pas loin de 65 décibels en crête à la mesure, mais un sommeil calme et profond de l’observateur. Un moteur à explosion sur deux roues passe à quelques kilomètres, réveil en sursaut alors que nous sommes à la limite basse de la sensibilité de l’appareil.
A bord d’un avion régional doté de moteurs à hélices un de nos amis professionnels de la sonorisation sort son sonomètre de sa sacoche. Doute confirmé plus de 110 décibels ! Par chance un vol régional ne dure pas trop longtemps… Normalement les normes pour l’habitacle de nos véhicules sont de 90 décibels au maximum, heureusement car les voyages en voiture durent eux beaucoup plus longtemps.
Les dégâts, souvent définitifs pour nos oreilles, sont proportionnels au niveau et à la durée de l’exposition au bruit.
Les boîtes de nuit sont normalement contrôlées mais nous avons pu mesurer plus de 110 décibels au milieu de la piste de danse. Plusieurs heures chaque fin de semaine ou tous les soirs en vacances… Faire attention aussi au concert en plein air où l’on pourrait penser que la pression acoustique est moins forte. Lors de la venue d’un célèbre groupe anglais le million de watts électriques par canal a été dépassé par des “châteaux” d’enceintes haut de 20 mètres. Le son était excellent… à environ deux kilomètres de la scène !
A l’inverse après quelques jours de détente dans une atmosphère calme votre oreille augmente progressivement son seuil de sensibilité.
Les cigales deviennent assourdissantes et la balle de tennis dans la raquette même à plus de cent mètres produit un son caractéristique, vous êtes bien en vacances… Maintenant plongez la tête dans l’eau pour une obtenir une notion de silence, presque absolu.
Dans une chambre sourde outre une sensation de vertige, les sons produits par notre organisme deviennent sensibles et particulièrement celui de la colonne sanguine à chaque pulsation cardiaque. Certains avancent même que nous aurions pris goût au cours de notre vie fœtale au rythme lent du son produit par le flux et reflux de la mer qui se brise sur le sable. Car Il est très proche du son produit par la colonne sanguine de la mère, un des premiers sons que l’oreille va percevoir…
La sensation de vertige provient du fait que notre oreille interne a aussi pour fonction de nous donner des informations sur notre équilibre, et la perception des sons y participe pour beaucoup. Dans une chambre sourde, plus de “substrat” sonore pour nous informer du volume de la pièce dans laquelle nous nous trouvons, par exemple à quelle distance des parois ? Information que ceux qui ont hélas perdu la vue analysent en détail pour reconstituer un “image” sonore de l’espace qui les entoure.
Cet effet de vertige est aussi sensible quand vous fermez les yeux à l’écoute d’un système haute fidélité de très haut niveau. Les informations spatiales perçues par nos yeux de la pièce d’écoute ne correspondent plus à celles perçues par nos oreilles pour le lieu de l’enregistrement…
Votre oreille bien reposée, vous allez pouvoir vous rendre compte à quel point elle nous permet de percevoir des choses extraordinaires.
Bonnes vacances.
Frank ROMERSA, thf.fr
Editorial de juillet-août 2004
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